
Une soirée d'ivresse envoie la Roca Team au Final Four
Parfois, le sport peut procurer des émotions difficiles à expliquer à travers des lignes sur un écran. Ce soir, Gaston Médecin a été témoin d’un moment qui restera probablement gravé dans l’histoire de l’AS Monaco Basket mais également du basket français. Après avoir remporté les deux premières manches, les Roca Boys ont été malmenés en terre catalane lors des game 3 et 4 et ont été poussés vers ce fameux game 5 de tous les dangers. Durant cette soirée d’ivresse, la Roca Team est passée par toutes les émotions. Jusque dans les dernières secondes, le Barca a poussé la bande à Mike James dans ses retranchements mais les Monégasques ont été brillants collectivement pour s’imposer au bout du bout (85-84) et se qualifier pour le second Final Four de son histoire. Au terme d’une bataille de tous les instants durant laquelle l’ASM a fait valoir ses énormes qualités physiques avec une agressivité maximale, c’est bien elle qui décroche ce précieux sésame pour Abu Dhabi. Elle affrontera dans deux semaines, l’Olympiakos, comme il y a deux ans, pour une place en finale. D’ici là, les joueurs et le staff peuvent célébrer cette qualification le temps d’une soirée.LE MATCH
Game 5, nous y sommes. Gaston Médecin est incandescent ce soir, comme attendu, comme prévu. Sold out, à guichets fermés, prêt à faire trembler le Rocher. Comment ne pas en être autrement. La plus grosse ambiance de l’année à n’en pas douter. Comme ce fut déjà le cas la saison dernière face au Fener et il y a deux ans contre le Maccabi, lorsque la Roca Team avait décroché sa première qualification historique pour le Final Four, le 10 mai 2023, en venant à bout du Maccabi. Des souvenirs gravés à jamais. C’est tout un club, un groupe, un staff, des supporters qui veulent revivre de telles émotions, et porter encore un peu plus haut les couleurs du club de la Principauté. Une seule mission : atteindre pour la deuxième fois un Final Four, et prendre la direction d’Abu Dhabi dans 15 jours.
Les Roca Boys arrivent avec des batteries rechargées puisque tout le monde a pu se reposer samedi avant de reprendre le chemin de l’entraînement, après l’immense débauche d’énergie de vendredi soir lors du game 4 sur le parquet du Barça. Ce qui n’avait pas suffi puisque c'était les Catalans qui en voulaient encore plus à l’issue d’un quatrième quart-temps maîtrisé. Il en est de même pour ces derniers, puisqu’ils n’ont également pas joué en championnat. Un game 5, c’est un affrontement dans lequel la tactique ne compte presque plus trop. C’est à celui qui le voudra le plus, qui fera les efforts à s’arracher sur chaque ballon, et qui commettra surtout le moins de petites erreurs possibles. Car à ce petit jeu-là, et à un tel niveau, c’est souvent ce qui fait la différence, et fait naturellement pencher la balance.
Vassilis Spanoulis a fait le choix de réintégrer Georgios Papagiannis dans son roster. Afin de peut-être proposer une rotation à trois pivots sur cette rencontre, et se retrouver moins en difficulté au rebond. Le cinq de départ change avec l’apparition de Matthew Strazel dedans. Vont débuter à ses côtés : Mike James, Alpha Diallo, Jaron Blossomgame et Daniel Theis. Pour ce qui est du Barça, le cinq de départ est sans surprise : Satoransky, Punter, Anderson, Parker et Fall.
Les premières minutes de cette rencontre, dans une ambiance chauffée à blanc, sont très rythmées des deux côtés. Satoransky lance les hostilités de ce game 5 (0-2). Le Barca domine les premiers instants avec le diable d’Anderson en réussite derrière la ligne (2-7).
Du côté de la Roca Team, Alpha Diallo amène toute son équipe dans son sillage. L’ailier américain allume à 3 points, intercepte un ballon et finit au cercle. Maestro (9-13). Daniel Theis, lui, se bat comme un beau diable dans la raquette face au géant Fall. L’allemand provoque la faute et fait 2/2 au LF alors qu’Alpha Diallo enchaine et est déjà à 9 points dans ce Q1 (13-13).
Le Barca poursuit son jeu tourné vers l’intérieur qui fait mal aux Roca Boys pour le moment (15-17). Contrairement au game 4, les Catalans se montrent maladroits et laissent des points en route sur la ligne des lancers. Satoransky fait un 0/2 et Hernangomez n’en réussit qu’un (15-19). Fin de ce Q1.
L’entame de ce Q2 est similaire aux dix premières minutes. Brizuela ajoute 3 points à son équipe alors qu’Hernangomez fait mal sous le cercle monégasque (18-24). Un petit break réalisé par le Barca. Le rythme de la partie est hachée par de nombreuses fautes, déjà 7 en moins de 3 minutes. Mam Jaiteh en profite pour trouver la solution alors que Alpha Diallo envoie Brizuela sur les fesses (22-24). La Roca Team recolle.
Georgios Papagiannis sort du banc et déclenche directement derrière l’arc (25-27). Le grec ne s’arrête pas là et s’impose dans la peinture, Monaco passe devant au score (32-31) au plus grand plaisir de la Roca Family qui donne de la voix. Gaston Médecin a sorti ses habits des grands soirs tout en rouge.
Une agressivité retrouvée en défense, une domination au rebond et voilà que le match s’inverse. Discret jusque-là, Mike James sort une passe lumineuse pour un Georgios Papagiannis qui embrase les fans (37-34). MJ enchaine avec la faute (40-35). 5 points d’avance pour Monaco.
Jaron Blossomgame poursuit la bonne dynamique monégasque alors que les hommes de Joan Penarroya ne trouvent plus la solution en attaque. Punter & co sont obligés de forcer les tirs, sans succès. En face, Mike James envoi un shoot du parking pour conclure cette première période (45-39).
Dominés notamment dans le secteur intérieur par Barcelone durant les 10 premières minutes, les Roca Boys ont petit à petit pris la mesure des Catalans lors du Q2 en claquant un 30-20. Méfiance tout de même avant d’aborder cette seconde période. Le chemin vers le Final Four est encore long.
Les fans venus garnir Gaston Médecin ce soir remplissent à merveille le rôle de sixième homme. Au retour des vestiaires, Vassilis Spanoulis décide de repartir sur le terrain avec Mike James, Matthew Strazel, Alpha Diallo, Jaron Blossomgame et Daniel Theis. Joan Penarroya, lui, fait confiance à Satoransky, Punter, Anderson, Parra et Hernangomez.
Ce retour sur le parquet est idéal avec Mike James qui donne 10 points d’avance à l’ASM après un floater au-dessus d’Anderson (49-39). La défense asémiste est moins agressive sur le porteur et laisse pas mal d’espaces sur les extérieurs. Satoransky sanctionne à deux reprises coup sur coup (54-50).
Hernangomez fait des dégâts dans ce Q3. L’intérieur espagnol permet aux siens de revenir clairement sur les talons de la bande à Mike James. En face, Matthew Strazel se montre toujours aussi précieux en attaque et en défense. Une pile électrique (59-56).
L’écart se resserre entre les deux équipes et la tension elle, s’élève dans les travées d’un Gaston Médecin transformé en volcan. Elie Okobo préserve cette possession d’avance alors que Jordan Loyd est parfait sur la ligne des lancers (65-62). La défense collective fait le reste et empêche Barcelone de revenir à hauteur à la fin de ce Q3.
Sous tension, irrespirable, ce quatrième quart-temps est tout simplement indécis. Le Barca reprend les commandes au pire des moments, et assomme quelque peu des Monégasques qui n’y sont plus trop collectivement et forcent les shoots. Le suspense est entier alors que le scénario devient fou. Dans ce début de Q4, les deux équipes se rendent coup pour coup. Brizuela allume la mèche, Georgios Papagiannis lui répond (68-69).
Hernangomez, encore lui, se mue en homme à tout faire pour les Catalans (72-74).L’espagnol a du répondant en face avec un Georgios Papagiannis des grands soirs. L’intérieur de la Roca Team claque au-dessus du cercle avant d’envoyer une bombe à 3 points (79-77). Le troisième pour lui ce soir.
Les nerfs sont soumis à rude épreuve ce soir. Le Barca ne lâche rien et repasse même devant (81-82). Mais qui d’autre que Mike James pour porter Monaco ? Le meilleur marqueur de l’Euroleague fait parler sa science du basket et la Roca Team repasse devant d’un petit point (85-84). Clutch. Après un raté asémiste, c’est bien Barcelone qui aura la dernière possession.
Punter, l’homme fort de la formation catalane, aux nerfs d’acier a la balle de Final Four dans les mains. Oui mais voilà, ce soir ce sont 5 000 personnes qui défendent à l’unisson. Georgios Papagiannis tutoie les étoiles pour gêner le tir de l’américain qui s’éloigne du cercle. Victoire de la Roca Team (85-84). Gaston Médecin exulte comme un seul homme avec un finish tout bonnement incroyable et irrespirable. C’est tout un groupe de 15 joueurs qui peut célébrer au milieu du terrain comme un seul homme, et communier avec ses fans. LA ROCA TEAM EST QUALIFIÉE POUR LE FINAL FOUR !
ILS ONT DIT
Vassilis Spanoulis (entraîneur de la Roca Team) : « Je suis fier de mes joueurs et de mon staff. L’équipe entière a sorti une grosse performance avec du cœur. C’était un match très difficile, on s’y attendait, Barcelone venait avec de l’ambition. On était prévenu. Georgios Papagiannis a livré un énorme match. Je savais qu’il allait nous apportait énormément dans le jeu. Il a été précieux sous le cercle et dans le jeu. Mais je ne veux pas parler d’un seul joueur, ce soir c’est une victoire d’équipe. Le Final Four ? Pour le club, se qualifier était un objectif. Le club grandit chaque année, c’est important pour la progression. On va à Abu Dhabi pour gagner. Toutes les équipes auront 25% de chance de l’emporter. Nous aussi. Olympiakos ? Tout le monde sait ce que représente ce club pour moi mais pendant 40 minutes, je donnerai tout pour mon équipe et mon club, Monaco. »
Matthew Strazel (meneur de la Roca Team) : « Certes on n’a rien gagné et il reste deux matchs, mais cette victoire nous offre une certaine délivrance du travail accompli depuis le début de la saison en Euroleague. On s’est battu pendant 40 minutes. On s’est peut-être vu trop beau à 2-0, ils se sont battus et ils sont revenus mais on n’a jamais lâché. On va bien se reposer pour préparer le match de l’Olympiakos. »
Mam Jaiteh (pivot de la Roca Team) : « C’est encore dur d’y croire. C’est un succès collectif, l’équipe avait envie de gagner ensemble. Ce n’était pas évident de revenir ici après avoir mené 2-0 puis être à 2-2. On parle de cette qualification depuis longtemps, surtout depuis l’élimination cruelle de l’an passé. On va célébrer comme il se doit ce soir mais après on basculera rapidement vers l’Olympiakos. »
Mike James (capitaine de la Roca Team) : « On voulait rendre le match dur, pour Barcelone. En face, c’était une très grosse équipe, ils nous ont poussé dans nos retranchements. Après les deux premiers matchs, certains nous voyaient déjà au Final Four et inconsciemment nous aussi. Ce soir, je suis heureux de la victoire et de la qualification. Dans la vie, on apprend toujours de nos expériences, la demie d’il y a deux ans et le game 5 de la saison dernière nous serviront à coup sûr. Je ne réalise pas encore mais c’était un objectif clair du début de saison. Tu coches cette case et maintenant tu y vas pour faire quelque chose. On fera tout pendant 40 minutes pour l’emporter. »
Joan Penarroya (entraîneur du FC Barcelone) : « Félicitations à Monaco. On a joué pour gagner mais on a manqué de réussite à l’image de notre saison avec des blessures. Les deux équipes pouvaient l’emporter ce soir. On a eu l’occasion de gagner sans réussite pour conclure. Je suis très fier de mes joueurs, de mon staff et des supporters. On était proche de réussir mais on perd au match 5 d’un petit point. »
LA FICHE TECHNIQUE
À Monaco, salle Gaston Médecin, l’AS Monaco bat le FC Barcelone 85-84 (15-19, 30-20,20-23, 20-22)
Monaco : 34 tirs sur 64 (7/16 à 3-pts), 10 LF sur 14, 29 rebonds (Blossomgame 6), 13 passes décisives (James 5), 6 interceptions, 10 balles perdues.
La marque : James 20, Papagiannis 17, Strazel 11, Diallo 11, Blossomgame 9, Okobo 7, Jaiteh 4, Theis 4, Loyd 2, Tarpey.
Barcelone : 32 tirs sur 65 (10/29 à 3-pts), 10 LF sur 15, 33 rebonds (Fall 10), 20 passes décisives (Satoransky 5, Brizuela 5), 6 interceptions, 14 balles perdues.
La marque : Punter 19, Anderson 16, Hernangomez 16, Fall 10, Satoransky 8, Parker 7, Brizuela 6, Abrines 2, Parra.