Cruel dénouement pour la Roca Team face au Fener

Cruel dénouement pour la Roca Team face au Fener

Que c’est difficile à avaler pour la Roca Team. Au bout d’un game 5 qui fut tout simplement étouffant, comme l’intégralité de cette série, elle a fini par tomber les armes à la main face à une magnifique équipe du Fenerbahçe après prolongation (79-80). Les Turcs ont une nouvelle fois fait feu de tout bois à longue distance, pour décrocher ce fameux ticket pour le Final Four à l’image de Calathes et ses deux missiles pour finir le match. Dans un Gaston-Médecin incandescent, la bataille fut terrible durant l’intégralité de ces 45 minutes. Le coup est rude à encaisser pour les Roca Boys, qui vont devoir maintenant basculer vers les playoffs de Betclic Elite pour tenter de conserver leur titre de champion de France. Merci tout de même pour le voyage, cette troisième épopée d’Euroleague qui fut une nouvelle fois mémorable. 

LE MATCH 

Game 5, nous y sommes. Gaston-Médecin est incandescent ce soir. Sold out, à guichets fermés, prêt à faire trembler le Rocher. La plus grosse ambiance de l’année à n’en pas douter. Comme ce fut déjà le cas il y a presque 1 an jour pour jour, lorsque la Roca Team avait décroché sa première qualification historique pour le Final Four, le 10 mai 2023, en venant à bout du Maccabi. Des souvenirs gravés à jamais. C’est tout un club, un groupe, un staff, des supporters qui veulent revivre de telles émotions, et porter encore un peu plus haut les couleurs du club de la Principauté.

Les Roca Boys arrivent avec des batteries rechargées puisque les cadres ont tous été laissés au repos dimanche en Betclic Elite pour la réception de Cholet, après l’immense débauche d’énergie de vendredi soir lors du game 4 sur le parquet du Fener, pour arracher une victoire vitale, façon « do or die » (65-62). Il en est de même pour les Turcs, puisqu’ils n’ont pas joué en championnat, leur match ayant été décalé. D’un point de vue fraîcheur physique, les deux formations arriveront avec le plein d’énergie. C’est à celui qui le voudra le plus, qui fera le plus les efforts, et qui commettra surtout le moins de petites erreurs possibles. Car à ce petit jeu-là, et à un tel niveau, c’est souvent ce qui fait la différence, et fait naturellement pencher la balance. 

C’est la grande nouvelle d’avant match. Sasa Obradovic peut compter sur le retour de son éternel soldat. John Brown III qui avait manqué les deux rencontres du côté d’Istanbul, à la suite de sa blessure contractée à l’épaule lors du game 2 à Monaco, est rétabli. Il refait donc son apparition directement dans le cinq de départ. À ses côtés, il y a Mike James, Jordan Loyd, Yakuba Ouattara, et Donatas Motiejunas. Du grand classique. 

Pour les Turcs, Sarunas Jasikevicius enregistre quant à lui le retour de Johnathan Motley pour cette rencontre décisive et capitale à plus d’un titre. L’intérieur du Fenerbahçe a manqué les quatre premiers matchs de la série, et revient donc au meilleur des moments. L’entraîneur lituanien décide lui aussi de l’aligner sur le terrain avec à ses côtés Calathes, Wilbekin, Pierre et Hayes-Davis. 

On comprend très vite, dès la présentation des équipes, que c’est une ambiance des (très) grands soirs à Gaston-Médecin. Chaque Roca Boy est chaleureusement ovationné. Le public monégasque a compris l’importance de son rôle dans une rencontre avec un tel enjeu.

Les premières secondes posent les bases de la confrontation qui débute. La pression défensive est très forte. À deux reprises John Brown rassure les siens et montre qu’il est bien l’un des tous meilleurs défenseurs de cette série. Motley inscrit les premiers points de la rencontre avant que Mike James inscrit les premiers de Monaco sur un layup (2-4).

La mise en place des attaques est très dure. Fenerbahce asphyxie la Roca Team en coupant les extérieurs Loyd et James du reste de l’équipe. De l’autre côté, c’est Yakuba Ouattara qui est en mission sur Calathes en lui rendant chaque remontée de balle difficile. Le Yak force la perte de balle de Hayes-Davis, John Brown provoque la faute dans la foulée et assure avec un lancer (3-6). 

Les séquences défensives se poursuivent et c’est une nouvelle fois Ouattara qui provoque la faute de Papagiannis, à la suite d’un coup de coude illicite sous le panier. Temps-mort télévisuel (5-6). C’est une véritable guerre de tranchées où chaque possession est une bataille. Obradovic ouvre son banc : Blossomgame, Diallo et Okobo viennent apporter de la fraîcheur physique. Motiejunas enfonce Papagiannis et trouve la solution sous le cercle (7-8).

Nouvelle balle perdue de Papagiannis sur une interception de Mike James. La Roca Team repart à l’offensive, Okobo se lève en tête de raquette et permet à la Roca Team de repasser devant (9-8). Monaco commence à trouver ses marques en attaque. Okobo chipe le ballon à Dorsey et plante en contre-attaque (13-11). Le rythme s’accélère, Nick Calathes trouve la solution avec un drive à quelques secondes de la fin du premier quart-temps (15-13). Alpha Diallo tente un trois points au buzzer sans succès. Monaco est devant à la fin 1er quart-temps.

Monaco poursuit son beau jeu collectif vu à la fin du premier quart-temps. Okobo tente un trois-points, sans succès, Blossomgame capte le rebond offensif, envoie la gonfle à Loyd qui retrouve Blossomgame derrière la ligne : ficelle (20-13). C’est le plus gros écart du match. Temps-mort demandé par Jasikevicius après seulement une minute dans le second quart-temps.

Le Fener joue small-ball. Donta Hall se perd un peu dans la bataille dans la peinture et commet une faute offensive. Le ballon circule mieux côté turc. Biberovic puis Sestina sont trouvés derrière ligne (20-19). 6-0 en cours, le temps-mort est demandé par Sasa Obradovic. Monaco ne lâche rien, le public le sait et encourage son équipe plus que jamais.

Donta Hall arrive lancé, il inscrit un layup avec la faute et met le lancer (25-19). Monaco repart de l’avant. Guduric slalome dans la défense et vient déposer le ballon sur la planche (25-21). Sur la possession suivante, Okobo prouve qu’il est bien dans son match ce soir, il vient attaquer Wilbekin qui le fauche sur son jump shot, and-one (28-21). L’international français est le meilleur marqueur du match avec 7 points en seulement 8 minutes. Mais Wilbekin lui rend la pareille, cette fois derrière la ligne (28-24). Quel match, quel régal ! 

Mike James file en contre-attaque mais il est volontairement heurté par Sestina. Obradovic demande le challenge pour revoir l’action… Faute sur tir, trois lancers accordés. Malgré l’objection de Guduric envers les arbitres, ce qui a le don d’agacer les supporteurs de la Roca Team, MJ inscrit deux lancers (30-24). Mais le Fener ne lâche rien. Guduric puis Sestina font les efforts pour recoller au score (30-29). Ce sera une bataille jusqu’au bout ! 

La défense des Roca Boys est en place, Mike James provoque un mauvais tir de Biberovic. Sur la possession suivante, le meneur monégasque drive et, malgré la grosse défense de Calathes, il score avec la planche (32-29). Que c’est compliqué, mais c’est encore plus beau. Wilbekin à la remise en jeu, Alpha Diallo sent bien le coup et vient chiper la balle pour l’envoyer à Motiejunas. Un layup facile et le temps-mort demandé par Saras Jasikevicius (34-29). Trois minutes à jouer avant la mi-temps, la Roca Team régale son public !

Sestina est trouvé à 3-points dès le retour du temps-mort : 5/6 derrière la ligne pour les Turcs (34-32). Mais la Roca Team trouve les armes pour répondre, par la défense d’abord, puis par l’attaque. John Brown s’éloigne du cercle, Alpha Diallo voit l’espace dans la peinture et coupe. John Brown a tout vu et offre un caviar à son coéquipier (38-32).

Mais voilà, Fenerbahce est hallucinant de réussite à 3-points. Malgré une superbe défense collective, Wilbekin plante une nouvelle fois derrière la ligne (40-35). Temps-mort demandé par Obradovic pour mettre en place le dernier système de cette première mi-temps. Finalement le score n’évoluera pas. +5 pour la Roca Team à la pause. Une très belle première période de nos Roca Boys qui répondent de la plus belle des manières à la bataille physique imposée par le Fener.

Au retour des vestiaires, Sasa Obradovic fait le choix de revenir sur le terrain avec un cinq de départ identique. À savoir Mike James, Jordan Loyd, Yakuba Ouattara, John Brown III et Donatas Motiejunas. Son homologue Sarunas Jasikevicius opte pour la même option. Il revient avec Calathes, Wilbekin, Pierre, Hayes-Davis et Motley. 

La Roca Team repart avec les mêmes intentions qu’en première mi-temps. Mike James trouve Motiejunas dans le corner, ça fait ficelle (43-35). Mais la réussite n’a pas quitté le Fener qui répond (43-38). Les possessions s’enchainent et Fenerbahce vient recoller au score après un tir à trois-points de Calathes grâce à un rebond offensif capté par Motley (45-45). 10-2 en cours pour les Turcs.

Alpha Diallo se charge de remettre la Roca Team au contrôle du match malgré la défense très rude de Pierre (47-45). Le Fener et leur insolente réussite fait mal aux Roca Boys. Hayes-Davis permet même aux siens de passer devant (47-48). La Roca Team ne lâche rien. MJ montre la voie par une flèche à 45° (52-48). Sur la possession suivante Monaco met les barbelés, Calathes est obligé de prendre un tir en fin de possession, air-ball. Temps-mort pris par le Fener. Le public est debout et en délire, l’ambiance à Gaston Médecin monte elle aussi en intensité minute après minute.

À deux reprises, Biberovic est trouvé derrière la ligne. À deux reprises il trouve la mire (55-53). La fin du troisième quart-temps approche et Biberovic plante encore. À 10 minutes de la fin de la partie, Fenerbahce mène d’un point (55-56).

C’est le quart-temps le plus important de la saison qui débute. Jordan Loyd drive vers le cercle, Guduric est en retard, il commet la faute sur le floater de Loyd. 2+1, Monaco revient à égalité (58-58). Monaco se fait des frayeurs sur sa gestion du rebond. Le public scande « Défense ! » et pousse son équipe plus que jamais. Sur une remise en jeu ligne de fond, Diallo coupe et termine avec la planche (60-60).

Chaque possession est un jeu d’échec, les attaques ont bien plus de mal à se mettre en place. Mike James trouve Donatas Motiejunas sous le cercle et provoque la troisième faute de Guduric (61-64). Quatre minutes à jouer, coach Obradovic dégaine la carte du small-ball et décide de jouer sans pivot. Okobo fonce dans la raquette, il en fait même danser Wilbekin, qui tombe, il s’arrête devant Papagiannis et dégaine un tir de patron (63-67). Le Fener répond dans les secondes qui suivent avec un nouveau trois-points à l’initiative de Guduric (63-67).

En contre-attaque, Mike James à 3-points pour revenir à une possession (66-67). Le public est en feu et debout à deux minutes de la fin ! Cette Roca Team est extraordinaire. C’est au tour d’Élie Okobo d’y aller de son panier à 1’17 de la fin (68-67). Monaco est repassé devant en moins d’une minute, le public de Gaston-Médecin chante en cœur.

Après le temps-mort, Wilbekin plante d’entrée un nouveau tir à trois-points (68-70). Okobo lui répond instantanément par un layup (70-70). Égalité, 45 secondes à jouer. Biberovic, blessé, se rassoit. Une énorme défense de Blossomgame sur Wilbekin s’en suit, le ballon tombe dans les mains d’Alpha Diallo. Balle de match pour nos Roca Boys et Okobo mais son tir derrière la ligne est raté. Il faudra une prolongation de cinq minutes pour décrocher la qualification pour le Final Four.

Ça repart fort avec Mike James qui, après avoir capté le rebond offensif, plante un nouveau T3 : le spectacle continue (73-70) ! Calathes rate son tir après une belle défense de Mike James. Derrière, Motiejunas avait fait le plus dur en se débarrassant de son défenseur mais il rate le panier. C’est Wilbekin qui permet au Fener de passer devant (73-74). Monaco vire de nouveau en tête grâce à deux lancers d’Okobo (75-74).

Deux minutes à jouer, l’air est irrespirable sur le Rocher. Les attaques ont du mal mais Monaco gère son rebond et se rassure. Diallo fonce en contre-attaque, Papagiannis commet un nettoyage du cercle illicite à 1’16 de la fin (77-74). Le Fener le sait, il doit marquer pour rester en vie. C’est leur patron, Nick Calathes, qui s’en charge avec un tir énorme à 3-points (77-77).

À la sortie de temps-mort monégasque, c’est un autre patron, Mike James qui lui répond (79-77). Mais l’histoire se répète et Calathes plante à nouveau à 3-points à 19 secondes de la fin (79-80). Cafouillage sur la remontée de balle, jump-ball et le ballon revient dans les mains de Wilbekin… La Roca Team s’incline d’un petit point (79-80) après prolongations face au Fenerbahce. Un scénario cruel pour nos Roca Boys et les fans qui rêvaient d’un second Final Four en deux ans.

ILS ONT DIT 

Sasa Obradovic (entraîneur de la Roca Team) : « Je n’ai rien à reprocher aux gars qui ont tout donné dans l’envie et dans les attitudes. Alors oui, ce sont des mauvaises décisions par moment qui peuvent faire pencher la balance. Mais il y en a eu des deux côtés. C’était une série vraiment épique qui s’est jouée sur des détails. Au final, on meurt à un shoot du Final Four. Le game 5 dans un tel affrontement, c’est toujours de la loterie. Cette fois ce n’est pas allé dans notre sens. »

Sarunas Jasikevicius (entraîneur du Fenerbahçe) : « Bravo à mes joueurs et à nos fans pour cette qualification pour le Final Four. Nous n’avons jamais rien lâché et c’est pleinement mérité. Cette série était tout simplement incroyable. C’était dingue, il n’y a rien d’autre à dire. Monaco aurait pu l’emporter mais c’est tombé de notre côté. »

Jordan Loyd (arrière de la Roca Team) : « Tout d’abord, bravo à Fenerbahçe c’est une grande équipe et ils méritent cette qualification. Je n’ai pas joué mon meilleur match. Je prends mes responsabilités, j’aurais dû être meilleur. On a eu beaucoup d’opportunités mais on n’a pas su capitaliser dessus. C’est une défaite qui fait mal

LA FICHE TECHNIQUE 

À Monaco, salle Gaston-Médecin, Fenerbahçe bat l’AS Monaco 80-79 AP (13-15, 22-25, 21-15, 14-15, 10-9)

Monaco : 30 tirs sur 54 (5/19 à 3-pts), 14 LF sur 17, 29 rebonds (Motiejunas 7), 15 passes décisives (Okobo 5), 9 interceptions, 12 balles perdues.
La marque : James 20, Motiejunas 16, Okobo 15, Diallo 10, Loyd 5, Blossomgame 5, Hall 5, Brown III 3, Ouattara. 

Fenerbahçe : 29 tirs sur 62 (15/35 à 3-pts), 7 LF sur 9, 32 rebonds (Calathes 6), 17 passes décisives (Calathes 4), 9 interceptions, 16 balles perdues.
La marque : Wilbekin 14, Calathes 14, Biberovic 13, Guduric 10, Sestina 8, Hayes-Davis 7, Papagiannis 6, Motley 6, Pierre 2, Dorsey.