Héroïque, la Roca Team s'offre un game 5 au pied du Rocher
Dos au mur, la Roca Team n’a jamais été aussi forte. Une fois de plus, elle a fait étalage de son immense force de caractère, et de sa capacité à réagir avec un groupe uni et soudé comme jamais. Un groupe qui vise un seul objectif : le Final Four de Berlin. Sans leur taulier défense qu’est John Brown III, les Roca Boys ont réussi l’exploit de limiter le Fenerbahçe à 62 points au tableau d’affichage, pour finalement l’emporter de 3 points (65-62). Un match épique de play-offs, une intensité folle, une véritable guerre. L’épilogue aura donc lieu mercredi soir à Gaston-Médecin à 19h. Comme l’an dernier, Sasa Obradovic et ses hommes vont jouer leur place pour le F4 au pied du Rocher. Un Rocher qui risque de trembler.LE MATCH
Jamais dans sa jeune histoire au coeur de l’Euroleague, la Roca Team s’est retrouvée dans cette position. Être menée 2-1 dans une série des play-offs, et surtout disputer le game 4 à l’extérieur, dans une salle qui sera en fusion avec 15 000 spectateurs. C’est un sacré défi qu’elle va devoir relever aujourd’hui en Turquie, pour ne pas voir ses rêves de Final Four s’envoler. D’autant plus que les organismes souffrent. Mais cette Roca Team est capable de tout, de prouesse collective, et l’a démontré à de multiples reprises par le passé. Il y a des raisons légitimes d’y croire.
Logiquement, les Roca Boys sont derrière et peuvent surtout regretter ce match 1 à la maison qui fut maîtrisé pendant 35 minutes, mais qui leur a échappé dans les derniers instants. Car sinon il n’y a rien à dire. Mercredi soir, le Fenerbahçe qui a pu compter sur un public chaud comme la braise était tout simplement plus fort. Collectivement, au rebond, à longue distance. De nombreux facteurs qui ont décidé du sort de cette rencontre, bien que les Monégasques n’ont jamais voulu abdiquer. C’est sur cette volonté qu’il faudra s’appuyer, en gommant les erreurs qui ne pardonnent pas à ce niveau. Et trouver la solution face au jeu small ball du club stamboulite.
Sasa Obradovic ne peut malheureusement toujours pas compter sur John Brown III, insuffisamment remis de sa blessure à l’épaule. Une absence de marque. D’autant plus que Mike James est dans le cinq de départ, mais avec une cheville douloureuse. À ses côtés, l’entraîneur asémiste à décidé d’aligner son capitaine Yakuba Ouattara pour la première fois dans cette série pour insuffler de l’énergie des deux cotés du terrain, et pourquoi pas de l’adresse longue distance. Il y a aussi Jordan Loyd, Jaron Blossomgame et Donatas Motiejunas. Pour Sarunas Jasikevicius, Johnathan Motley s’est échauffé mais n’est pas sur la feuille de match. Il opte pour la même version que 48 heures en arrière avec Calathes, Dorsey, Hayes-Davis, Pierre et Papagiannis.
La première minute pose les bases de la volonté monégasque de réagir. Yakuba Ouattara et Jaron Blossomgame défendent fort pendant que Donatas Motiejunas prend le dessus sur Papagiannis et Mike James marque sur la tête de Calathes (4-0). Idéal pour commencer et se mettre en confiance. Mais le Fener capte deux rebonds offensifs et cela profite à Hayes-Davis (4-2).
La bronca tombe des tribunes sur chaque possession de la Roca Team. Les 15 000 supporters turcs sont chauffés à blanc, et veulent leur ticket pour le Final Four au bout de ce game 4. La pression se fait ressentir et Pierre égalise en prenant logiquement le dessus sur Mike James (4-4). Monaco joue trop rapidement ses possessions et gâchent quelques munitions. Après 4 minutes de jeu, seulement 8 points ont été inscrits.
Les défenses sont impressionnantes des deux côtés du terrain avec des aides à tout va, ce qui complique fortement les offensives des Monégasques et des Turcs. Le match est brulant avec une intensité maximale. C’est dingue. Tyler Dorsey monte au panier pour donner l’avantage à ses coéquipiers (4-6). C’est alors qu’intervient le premier temps-mort des arbitres.
Mike James fait preuve de déchet au shoot, forçant quelque peu. Une fois de plus, la Roca Team laisse échapper des rebonds et Hayes-Davis sanctionne avec un panier longue distance. Et la gâchette Scottie Wilbekin en rajoute une couche. Le Fener a infligé un 12-0 aux Roca Boys sur ces 6 dernières minutes (4-12). Mike James stoppe cette série avec un lancer et un rebond contre son camp de Biberovic (7-12). Finalement à la fin de ce Q1 défensif, le Fener compte 4 points d’avance (11-15).
Ce second quart-temps commence avec une Roca Team qui défend très bien collectivement pour pousser Fenerbahçe à une violation des 24 secondes. Et Donatas Motiejunas est toujours à son niveau sur cette série, prenant le dessus sur Biberovic. Mais Wilbekin réplique avec un trois monstrueux dans le corner gauche. Avant que Guduric ne l’imite. Sasa Obradovic demande immédiatement le temps-mort, puisque ses joueurs ont 8 points de retard (13-21). La Ulker Sports Arena s’est réveillée.
Le Fener bouge très bien la balle, et c’est forcément dur. Mais la Roca Team n’abdique pas et peut compter sur Mike James ainsi que Donatas Motiejunas en sortie de temps-mort (17-21). Mais les absences en défense sur les pistoleros turcs sont immédiatement sanctionnées, avec encore ce diable de Guduric. Sur un panier d’Elie Okobo, Sarunas Jasikevicius prend son premier temps-mort dans cette rencontre (19-24).
Mike James et Elie Okobo font les efforts qu’il faut en défense pour ne pas se faire distancer. Surtout qu’offensivement, la Roca Team a beaucoup de mal à mettre son jeu en place. Alpha Diallo obtient tout de même une faute, et met ses deux lancers (21-24). Pierre en transition se régale, mais Elie Okobo inscrit le premier trois points de la partie pour les Roca Boys. Qu’il fait du bien, et surtout l’ASM revient à une possession (24-26).
Papagiannis prend le dessus à deux reprises sur un Donta Hall qui ne joue pas très bien le coup. Mais Elie Okobo se mue en parfait héros. Avec 9 points coup sur coup, deux trois points et trois lancers-francs, il permet à la Roca Team de complètement recoller au Fenerbahçe (30-30). Alors qu’il reste encore plus d’une minute à jouer avant la pause, les deux rivaux sont dans la pénalité. Une fois de plus, Monaco cède de trop nombreux rebonds offensifs. Papagiannis en profite pour y aller de son and one. À la pause, l’ASM est à trois points derrière (30-33). Tout reste à faire.
Sasa Obradovic fait le choix de revenir sur le terrain avec Mike James, Jordan Loyd, Yakuba Ouattara, Jaron Blossomgame et Donatas Motiejunas. À savoir les cinq identiques que lors du premier acte. Un choix différent est fait par Sarunas Jasikevicius qui revient lui avec Calathes, Wilbekin, Hayes-Davis, Pierre et Papagiannis.
Papagiannis réalise un véritable chantier dans la peinture pour le Fener. Preuve que tous les joueurs dans ce collectif sont importants. Wilbekin dégaine à trois points, Jordan Loyd répond, puis Hayes-Davis s’y met à son tour. Mais c’est finalement Jordan Loyd qui a le dernier mot à ce petit jeu-là. Sur son second T3, il garde ses coéquipiers proches au tableau d’affichage (36-39).
Alors que Monaco défend bien, Calathes en fin de possession fait très mal sur un shoot difficile à longue distance qui fait mouche (36-42). Mais le capitaine Yakuba Ouattara est incroyable. Il montre à quel point il est imperturbable, malgré ses 0 minutes de jeu jusque-là lors des trois premiers opus. Yak file en transition, capte un rebond défensif énorme, et plante à longue distance. Magnifique capitaine courage qui permet à ses coéquipiers de repasser devant (43-42). Donatas Motiejunas en ajoute une couche avec un autre T3 encore plus beau sur un step-back s’il vous plaît (46-44). Le temps-mort des arbitres intervient avec deux points d’avance pour l’ASM.
Jaron Blossomgame monte plus haut que Papagiannis, et on sent que ce match est sur la bascule (48-44). Les Roca Boys loupent quelques minutions pour creuser encore un peu plus l’écart, et Papagiannis sanctionne en tête de raquette derrière l’arc (48-47). Ça défend très fort du côté de la Roca Team. À l’aube des dix dernières minutes, les Monégasques comptent donc un tout petit point d’avance.
Guduric prend de vitesse Donatas Motiejunas pour monter au cercle. Sasa Obradovic, comme lors du premier acte avec Mam Jaiteh, fait le choix de faire évoluer son pivot lituanien avec Donta Hall cette fois pour début de ce Q4. Donatas Motiejunas égalise en mettant un seul lancer sur deux (49-49). Le suspense est à son comble, et ce sera à celui qui aura les nerfs les plus solides.
Le Fener continue de prendre un nombre de rebonds offensifs qui devient incalculable. C’est un vrai match de play-offs Euroleague avec une bataille comme on a rarement vu cette saison. Plus personne me marque jusqu’à un énorme trois points de Biberovic (49-52). Monaco est à trois points derrière, et Sasa Obradovic demande le temps-mort.
Le premier shoot vraiment ouvert à trois points intervient pour la Roca Team, avec Elie Okobo qui décale parfaitement Alpha Diallo. Les deux formations sont de nouveau dos à dos (52-52). Il reste cinq minutes à jouer et difficile de dire qui parviendra à tirer son épingle du jeu. Elie Okobo marque avec un talent monstre sur la tête de Wilbekin malgré la grosse défense adverse (54-52). Sarunas Jasikevicius prend le temps-mort alors que Monaco est devant de deux points.
Sur la remise en jeu, Donta Hall vole un ballon précieux dans les mains de Papagiannis. Et juste après, Donta Air Hall monte au rebond pour claquer un dunk et donner 4 points d’avance à ses coéquipiers (56-52). Avec encore plus de trois minutes à jouer, les Roca Boys se retrouvent dans la pénalité. Calathes en profite pour mettre un lancer, et capter le rebond offensif sur le second pour monter au cercle (56-55). Un point d’avance et Sasa Obradovic prend le temps-mort alors qu’il reste trois minutes de jeu.
Chaque possession est difficile, une véritable bataille. Jordan Loyd est précieux sur la fin de l’une d’entre elles (58-55). Mais Guduric répond alors qu’il reste 1’30 minute au chrono (58-57). Elie Okobo perd une balle importante, mais Donta Hall assène un contre monstrueux sur la tête de Guduric pour lui dire NON ! Qu’il est précieux Donta Air ! Et juste après, Mike James pose une véritable climatisation sur un trois points dantesque à 57 secondes du terme (61-57). Sarunas Jasikevicius coupe le jeu, et il faut maintenant tenir. Car c’est encore très long.
Mike James commet une faute évitable sur Wilbekin qui met ses deux lancers (61-59). La pression défensive du Fener est à deux doigts de fonctionner, mais la Roca Team s’en sort et Donta Hall monte au dunk très très fort, et ne se gêne pas pour calmer la Ulker Sports Arena (63-59). Un nouveau temps-mort est pris par Sarunas Jasikevicius.
Malgré une énième défense monstrueuse de la part des Asémistes, Guduric plante un énorme trois points pour ramener le Fener à un point, alors qu’il reste 21 secondes de jeu (63-62). La faute est commise sur Jordan Loyd assez rapidement. Mais derrière Monaco met plus de 5 secondes à faire la remise en jeu, et la balle est donc rendue au Fenerbahçe.
Wilbekin se manque sur la pénétration, et avec encore 5 secondes à jouer, la Roca Team a le ballon. Donta Hall monte au dunk pour sceller le sort de cette rencontre (65-62). Ces Roca Boys ont été homériques, il n’y a pas d’autre mot. En livrant une prestation de guerrier, ils ont fait ce que tout le monde pensait peu probable. L’énervement des fans turcs qui s’en sont pris aux Monégasques le prouve. Rendez-vous est pris pour le game 5 décisif, mercredi soir à 19h, salle Gaston-Médecin. La Roca Family, on vous attend chaud comme la braise.
ILS ONT DIT
Sasa Obradovic (entraîneur de la Roca Team) : « Nous avons fait un très grand match défensif, surtout face à une équipe comme celle-ci. Les limiter à 62 points, c’est incroyable. Ce soir, c’était à la vie à la mort. On était au rendez-vous malgré l’absence de John Brown III. Nous avons appris de ces rencontres par le passé. J’espère qu’on ne refera pas les erreurs aperçues lors des premiers affrontements. Je félicite vraiment mon groupe qui a fait preuve d’une force de caractère immense. »
Sarunas Jasikevicius (entraîneur du Fenerbahçe) : « Je m’excuse auprès de Monaco et de l’Euroleague pour ce qu’il s’est passé à la fin du match. Ce n’est pas nous, ce n’est pas Fenerbahçe. Nos joueurs ont donné leur coeur et leur âme sur le terrain, donc je ne peux rien leur reprocher. La série n’est pas terminée. On ira à Monaco avec la ferme intention de l’emporter. »
Elie Okobo (arrière de la Roca Team) « Ca été un effort collectif incroyable malgré nos erreurs, et les secondes chances laissées encore sur rebond offensif. On n’a rien lâché, c’est ce qui compte. Nous avons fait les stops qu’il fallait, et nous avons su mettre les shoots importants. On a réussi notre mission : à savoir rentrer à Monaco pour un game 5 décisif. Ce sera la guerre, et il faut se préparer en conséquence. »
Donta Hall (pivot de la Roca Team) : « Oui on s’attendait à un tel match avec une grosse intensité. J’ai voulu apporter mon énergie, c’est ce que je devais faire sur le terrain. On a quelques jours pour préparer ce fameux game 5. On doit travailler, et venir avec la même envie. Il n’y a pas d’autre choix. On doit finir le travail. »
Jordan Loyd (arrière de la Roca Team) : « On a gagné en équipe. C'était la clé. C'est un environnement difficile, on a été solides en défense, on a pris des rebonds... On a essayé de bouger la balle. L'apport de Yak (Ouattara) et Donta (Hall) a été fantastique. J'ai vécu l'un des plus gros matches de ma carrière. Le gagner, c'est plutôt cool. »
LA FICHE TECHNIQUE
À Istanbul, Ulker Sports Arena, l’AS Monaco bat le Fenerbahçe 65-62 (11-15, 19-18, 18-14, 17-15)
Fenerbahçe : 23 tirs sur 63 (11/32 à 3-pts), 5 LF sur 7, 42 rebonds (Papagiannis 11), 13 passes décisives (Calathes 5), 3 interceptions, 13 balles perdues.
La marque : Guduric 14, Wilbekin 11, Papagiannis 10, Hayes-Davis 10, Calathes 8, Pierre 4, Biberovic 3, Dorsey 2, Sestina, Sanli
Monaco : 25 tirs sur 61 (8/22 à 3-pts), 7 LF sur 11, 34 rebonds (Hall 8), 12 passes décisives (James-Loyd 3), 6 interceptions, 8 balles perdues.
La marque : Okobo 13, James 10, Motiejunas 10, Loyd 8, Diallo 7, Blossomgame 6, Hall 6, Ouattara 5, Jaiteh.