Petr Cornelie : «On ne peut pas se permettre de passer à côté»
Après une première quinzaine de janvier très chargée d’un point de vue du calendrier avec un enchaînement de matchs qui a mis les organismes à rude épreuve, la Roca Team peut travailler plus sereinement cette semaine. Idéal, d’autant plus que vendredi soir à Gaston-Médecin, se présente l’épouvantail de l'Euroleague, et solide leader, le Real Madrid. Un choc qui se jouera à guichets fermés.
Petr Cornelie, ailier-fort de de l’AS Monaco arrivé l’été dernier en provenance du club merengue s’est livré pour le site du club. Une interview qui revient sur la victoire à Paris en championnat, mais aussi sur la densité extrême de la compétition reine européenne. Avec en point d’orgue, les retrouvailles avec ses anciens coéquipiers, et l’analyse de ce qui fait la force du grand Real cette année.
Petr, tout d’abord, vous avez montré votre sérieux à Paris en championnat. Penses-tu qu’il est possible de réaliser une saison historique en Betclic Elite ?
Je pense que oui on peut le faire en Betclic Elite. Après ce n’est pas l’objectif. Le but est de gagner chaque match, et de les prendre les uns après les autres avec sérieux. Forcément ce qu’on veut c’est gagner ce titre de champion de France pour la deuxième fois. On ne doit pas viser des records, il faut vraiment se concentrer sur ce qui arrive au moment présent. Si on fait le job de cette manière, on pourra faire quelque chose de sympa.
En ce qui concerne l’Euroleague, quand on voit cette première partie de saison et le classement, on se rend compte à quel point la bataille est âpre. Est-ce du jamais vu que ce soit aussi serré ? Et comment l’expliquer ?
C’est toujours très serré, ce n’est jamais facile. C’est un championnat où on se rend compte que chaque match a beaucoup d’importance. Selon un résultat, on peut vite descendre au classement ou vite monter aussi. L’ascenseur se fait rapidement. Là encore, on doit être focus match après match pour montrer notre meilleur niveau. Actuellement, nous sommes dans une période plus compliquée avec des défaites « bêtes ». On aborde en plus une deuxième partie de saison très relevée, avec encore le Real Madrid ce vendredi qui débarque. C’est l’Euroleague, c’est encore plus fou que l’an dernier. À nous de faire avec.
On sent que la Roca Team est branchée sur courant alternatif en Euroleague, et se met en danger sur certains matchs. Quel est ton ressenti à ce sujet ?
Le problème aujourd’hui, c’est que nous sommes capables de faire de très bonnes choses, mais aussi d’avoir de sérieux trous d’air. À ce niveau-là, ça ne pardonne pas, car toutes les équipes d’Euroleague sont très compétitives. On ne peut pas se permettre de passer à côté, que ce soit sur un quart-temps ou sur la totalité d’une rencontre. Il va falloir qu’on résolve ces problèmes que nous avons sur le terrain pour faire une deuxième partie d’exercice solide. Si on veut aller jusqu’au bout, il va falloir faire des séries à un moment donné. C’est important pour enclencher une bonne dynamique.
Il reste 13 journées, tout va très vite arriver. Quelles seront les clés pour accrocher le bon wagon et les play-offs ?
On doit travailler pour régler ce qui ne va pas dans notre jeu, avec notamment les erreurs commises sur nos dernières sorties. Ne pas laisser filer de match comme on a pu le faire. Rester concentrés de la première à la dernière minute. Ça passera par là. J’insiste : on ne peut pas se permettre d’avoir quelconque relâchement pendant ces rencontres. On l’a payé cash par le passé ces dernières semaines, et ça se ressent au classement.
Quelles sont les équipes qui t’ont le plus impressionné jusqu’à présent et pourquoi ?
Forcément il y a le Real Madrid qui joue à un niveau qui est très impressionnant. C’est une équipe que je connais très bien (rires). Avec l’arrivée de Campazzo, ils se sont encore renforcés. Défensivement et offensivement, ils ont des armes à tous les postes, et c’est ce qui fait leur force. Chaque joueur est capable de briller à un moment donné. Et je vais aussi parler de la Virtus Bologne. Une équipe qui est la grosse surprise de cette saison, et qui évolue à un super niveau.
Vendredi, vous affrontez justement le Real Madrid, solide leader, ton ancien club. Qu’est-ce qui explique le fait qu’il marche sur l’eau cette année ?
Ils ont cette polyvalence du poste 1 au poste 5 qui fait qu’il est très difficile de les affronter. Ils ont des armes des deux côtés du terrain. Avec de l’expérience en plus. C’est un club qui sait gagner des matchs, qui a cette culture ancrée en lui. Ça en fait naturellement une équipe dangereuse et qui domine en Euroleague. Ils ne sont pas imprenables mais il faut livrer une prestation extrêmement sérieuse, en étant à notre meilleur niveau.
Au match aller, on n’avait jamais senti la Roca Team autant démunie face à cette équipe. Tu confirmes ?
Oui totalement. Pourtant nous étions arrivés là-bas avec les meilleures intentions possibles. On s’est tout de suite trouvés dans la difficulté. Le Real a récité son basket et nous n’avons pas trouvé les solutions pour les arrêter. On a loupé des choses faciles, il y a eu des pertes de balle, des manquements défensifs sur certaines situations. C’était un mauvais match de notre part. On aura à coeur de se rattraper par rapport à cela.
Avec quelques blessés, est-ce le bon moment pour prendre le Real ?
Je pense qu’il n’y a jamais vraiment de bon moment pour prendre le Real. Il ne faut pas se dire que parce qu’ils ont des blessés, ça va être plus facile. Ils ont montré que par le passé, avec ou sans tel joueur, ils étaient capables de performer et briller. Il y a beaucoup de rotations, même si c’est vrai qu’ils sont impactés dans le secteur intérieur. Ils ont aussi des jeunes qui viennent derrière, et ils trouveront des joueurs à décaler sur le poste 5 s'il le faut. À nous de ne pas se dire que ce sera facile, le Real sera plus attentif car il est diminué, et encore plus dangereux.
Qu’est-ce qu’il faudra faire par rapport au match aller à Madrid ?
Déjà de toute évidence, il va falloir défendre bien plus fort qu’à l’aller. C’est la première des choses. Et par la suite, aller chercher plus loin dans le jeu offensif. Sur toutes nos premières intentions, ils étaient présents à bien défendre. Et nous n’avons pas su trouver les solutions pour remédier à cela. Alors que le Real avait déroulé son jeu en bougeant la balle. On devra casser ce jeu, et défendre dur comme on sait le faire, pour se donner des opportunités sur du jeu rapide.
Quand tu portais le maillot merengue l’an dernier, quelle a été ta réaction sur le 3+1 de Mike James qui a permis d’arracher la prolongation à l’ASM, pour l’emporter par la suite ?
Ça m’a fait un peu le même effet que contre le Pana à domicile ici à Monaco. Une grande déception et une grande surprise surtout. On se dit à ce moment-là, que la rencontre est pliée, et là ça repart en prolongation. Il y avait toujours le fait de se dire qu’on pouvait encore l’emporter, mais ça nous avait aussi mis aussi un coup de massue. On a la victoire au bout des doigts, et finalement il faut repartir pour cinq minutes. Nous n’avions pas réussi à suivre, c’était un moment compliqué.