Un gros combat et une défaite dans l'enfer du Pirée

Un gros combat et une défaite dans l'enfer du Pirée


Que c’est cruel pour la Roca Team. À l’instar des défaites face au Partizan et au Panathinaikos, celle survenue ce soir dans le Stade de la Paix et de l’Amitié face à l’Olympiakos fait tout aussi mal. Parce que les hommes de Sasa Obradovic ont tout donné collectivement derrière un très bon Mam Jaiteh. Mais dans cette rencontre de très haut niveau, dans une ambiance et un climat dignes des play-offs Euroleague, cela n’a pas suffi. Les hommes du Pirée confirment leur net regain de forme en signant une quatrième victoire dans la compétition contre l’ASM (73-75). Pour Yakuba Ouattara et ses coéquipiers, c’est une double-week très difficile à encaisser avec deux défaites, qu’il faudra vite digérer pour passer à autre chose dès mardi face à Baskonia à Gaston-Médecin.

LE MATCH 

Pour le compte de cette 19ème journée d’Euroleague, la Roca Team se rend dans l’enfer, dans le cratère du Pirée et son célèbre stade de la Paix et de l’Amitié. Cette fameuse enceinte dans laquelle les Monégasques se sont faits un nom lors de leur première saison en Euroleague, au bout d’une série d’anthologie qui les avait vus s’incliner lors du game 5 dans une ambiance incandescente, ici en Grèce. De sacrés souvenirs donc au coeur d’une rivalité qui s’est installée entre les deux formations. 

Pour leur première apparition lors du Final Four l’an dernier à Kaunas, les hommes de Sasa Obradovic étaient tombés sur ces mêmes Grecs qui avaient brisé leur rêve de titre suprême. La faute à un troisième quart-temps à sens unique, alors que l’ASM avait encore les clés du camion à la pause. Cette fois l’enjeu est tout autre. Monaco veut rebondir lors de cette double-week après la défaite inquiétante subie face au Maccabi à Belgrade mardi soir. Quant à l’Olympiakos, il veut confirmer son succès obtenu face à Milan. Deux prétendants affirmés aux play-offs qui ont le même bilan avant le coup d’envoi (10 V, 8D) et qui voudront accrocher le bon peloton en haut de tableau. Avant le début de cette journée, pas moins de sept équipes ont un nombre similaire de victoires et de défaites. Signe d’une Euroleague plus serrée et plus compétitive que jamais. 

Sasa Obradovic doit toujours faire sans Jordan Loyd, qui continue de travailler d’arrache-pied pour revenir prochainement sur les terrains. Rien n’a changé par rapport à mardi, avec un Matthew Strazel resté sur le Rocher, malade. En revanche le cinq de départ concocté par l’entraîneur asémiste voit un changement avec la titularisation de Mam Jaiteh au poste de pivot. Dans la raquette, John Brown III est présent à ses côtés. Mike James et Yakuba Ouattara sont à l’arrière, Alpha Diallo à l’aile. Georgios Bartzokas quant à lui opte pour Thomas Walkup, Isaiah Canaan, Kostas Papanikolaou, Alec Peters et Moustapha Fall. 

Pour ce 12ème affrontement en seulement 3 saisons entre les deux équipes, le Stade de la Paix et de l’Amitié se trouve à guichets fermés avec 12 000 supporters déchaînés en tribunes. Ce début de rencontre est comme attendu très défensif entre deux adversaires qui font jouer leurs qualités athlétiques. Preuve que la Roca Team retient les leçons, elle verrouille bien les rebonds.

Il y a beaucoup de rythme dès les premières minutes de ce match. Preuve en est, le premier temps-mort des arbitres intervient seulement après plus de sept minutes. Moustapha Fall abat un gros chantier dans la peinture, mais il trouve à qui parler avec un Mam Jaiteh qui lui tient la dragée haute et qui justifie la confiance de Sasa Obradovic. Le Français est omniprésent et prouve qu’il est capable de marquer sur différents mouvements avec 6 points inscrits.

Les deux équipes se rendent coup pour coup, avec pour les Monégasques les habituels Mike James, Alpha Diallo et John Brown III. En face, Peters et Papanikolaou score également. Alors qu’il reste encore près de trois minutes à jouer dans ce Q1, Monaco est devant, en livrant une prestation pour le moment très sérieuse (17-13).

Les Roca Boys poursuivent sur leur belle lancée, faisant preuve d’un superbe état d’esprit collectif. Donatas Motiejunas se signale tout juste entré en jeu avec un petit bras roulé dont il a l’habitude. Mike James défend parfaitement sur Papanikolaou, et sur la transition il régale John Brown III trouvé tout seul dans la peinture (21-13). Finalement Walkup et Canaan permettent à l’Olympiakos d’être à 4 points de l’ASM à la fin de ces 10 premières minutes (21-17).

Mckissic valide un 7-0 à cheval sur les deux quart-temps avec un trois points, mais Kemba Walker répond dans la foulée avec un délicieux step-back (24-20). Mckissic sonne la révolte pour les Grecs avec un nouveau dunk en transition et un caviar pour Milutinov dans la raquette (24-24). Elie Okobo avec un shoot très aérien redonne deux longueurs d’avance à ses coéquipiers (26-24). Il y a bel et bien match, c’est un choc.

Mckissic est très difficile à arrêter. Il montre qu’il adore jouer contre Monaco. Mais les Roca Boys sont au rendez-vous à l’image d’un Jaron Blossomgame qui joue de son physique, et d’un Kemba Walker régulier qui fait une nouvelle fois mouche longue distance. Les hommes de Sasa Obradovic ont trois points d’avance, et Georgios Bartzokas prend son premier temps-mort (31-28). 
John Brown III est bien présent sous le cercle en bon homme à tout faire qu’il est. Donta Hall fait preuve d’une belle lecture de jeu pour intercepter une passe en direction de Fall. Mais ce dernier sert parfaitement Larentzakis sous le cercle (33-30). Sasa Obradovic demande le temps-mort à son tour alors qu’il reste encore 2’18 minutes à disputer avant de rejoindre les vestiaires. 

Alpha Diallo écope d’une faute anti-sportive très sévère commise sur Mckissic à la suite d’un shoot qu’il a pris. Isaiah Canaan ne se fait pas prier et met les deux lancers bonus, avec la possession à suivre (33-32). Les décisions arbitrales sont très limites, et ne tournent bien évidemment pas dans le sens de la Roca Team.

Mike James plante un shoot dont il a le secret sur la tête de Williams-Goss, mais juste derrière Alec Peters rode sur du rebond offensif pour maintenir ses coéquipiers à un tout petit point dans la dernière minute (35-34). Mike James provoque la faute de Williams-Goss mais ne met qu’un seul lancer. La Roca Team compte donc une possession d’avance à la pause (36-34). Il s’agit d’une vraie bataille défensive et tactique. Un match de haut niveau.

Au retour des vestiaires, Sasa Obradovic décide de revenir sur le terrain avec Mike James, Yakuba Ouattara, Alpha Diallo, John Brown III et Mam Jaiteh. En face Georgios Batzokas ne change rien lui aussi par rapport à la première période avec Walkup, Canaan, Papanikolaou, Peters et Fall. 

Le mano a mano se poursuit dès le début de cette deuxième période. Mam Jaiteh est toujours bien présent dans la peinture pour faire face à l’envergure de Moustapha Fall. Tandis que le capitaine Yakuba Ouattara prend le dessus physiquement sur son homologue Papanikolaou en transition. Trois points d’avance pour l’ASM (42-39).

Preuve d’un affrontement de haut niveau, il n’y a que très peu de ballons perdus de part et d’autre. Alec Peters bien décalé par Walkup qui a fait la différence, ne se fait pas prier pour égaliser longue distance (42-42). John Brown III plante un and one sur une belle action collective avec Mike James et Mam Jaiteh (45-42). Avec encore cinq minutes à jouer dans ce Q3, l’Olympiakos est dans la pénalité. Tout comme Monaco sur l’action qui suit.

Donatas Motiejunas prend le parfait relais de Mam Jaiteh dans la peinture. Le pivot lituanien régale avec une pénétration, puis deux lancers et un trois points longue distance dans le corner droit. Dans son sillage, les Roca Boys reprennent 6 points d’avance au coeur de cette lutte intense (54-48). Mais aussi grâce au gros boulot de Yakuba Ouattara qui fait parler sa rage de vaincre pour récupérer des rebonds offensifs. 

Mais les hommes du Pirée n’abdiquent pas pour autant, bien loin de là. Avec surtout un Isaiah Canaan qui se signale dans cette fin de troisième quart-temps. L’arrière américain, à côté de ses chaussures jusqu’à présent se remet la tête à l’endroit avec quatre lancers et un trois points également. Ce qui veut dire qu’à l’aube des dix dernières minutes, la troupe de Sasa Obradovic compte 2 points d’avance (58-56).

Mam Jaiteh est toujours aussi chaud et montre à quel point il peut s’avérer précieux. Il plante quatre points coup sur coup dans la peinture. Il est en très grande forme, et ça fait énormément plaisir à voir. Grâce à la présence du Français, les Roca Boys se redonnent un tout petit bol d’air avec six unités d’avance (62-62).

Mais cette rencontre est complètement folle des deux côtés du terrain. L’Olympiakos ne lâche rien, et cette course d’Euroleague est complètement folle. Mckissic et Peters plantent deux trois points consécutifs qui leur permettent de recoller au tableau d’affichage (62-62). Ce qui a le don d’énerver Sasa Obradovic. Ce dernier demande le temps-mort avec encore plus de six minutes à jouer.
Mam Jaiteh est toujours là sous le cercle, mais Walkup remet aussitôt les deux formations dos à dos (64-64). En transition, Jaron Blossomgame tente d’écraser le cercle mais il est trop court. Alpha Diallo a bien suivi (66-64). Alors qu’on entre dans les quatre dernières minutes de ce choc, tout reste à faire. C’est de plus en plus irrespirable au fil des possessions qui s’écoulent. 

La tension est à son comble avec une salle qui pousse comme jamais dans cette rencontre digne des play-offs comme deux ans en arrière. Canaan fait entrer le Stade de la Paix et de l’Amitié en ébullition sur un trois points, mais Elie Okobo calme tout ce beau monde en répondant dans la foulée. Mouss Fall égalise alors qu’il reste deux minutes au chrono (69-69).

Les Monégasques livrent une partition remarquable dans cette ambiance d’enfer. Ils sont notamment omniprésents au rebond offensif à l’image des hommes à tout faire de cette équipe, Alpha Diallo et John Brown III. Alors qu’il reste à peine plus d’une minute à jouer, Sasa Obradovic prend un temps-mort (69-69).

Mike James manque sa pénétration, et sur l’action qui suit Alec Peters joue parfaitement le coup pour pénétrer en éliminant John Brown, avant de ressortir la balle pour Mckissic dans le corner. Ce dernier fait mouche, les supporters grecs sont en fusion, et l’Olympiakos compte trois points d’avance à 23 secondes du terme (69-72). Elie Okobo ne fait qu’un sur deux sur la ligne des lancers, Canaan quant à lui ne tremble pas. Malgré le gros shoot de Mike James, les Roca Boys finissent par s’incliner de deux petits points (73-75). C’est dur à encaisser, mais ce duel restera dans les annales des affrontements entre ces deux équipes.

ILS ONT DIT 

Sasa Obradovic (entraîneur de la Roca Team) : « Bravo à l’Olympiakos, ils ont mérité leur victoire ce soir. C’était très important de relever la tête et de combattre par rapport au match précédent face au Maccabi. Les joueurs ont livré une bonne prestation collective. C’était un match digne des play-offs, un gros combat. C’est une défaite oui, mais il y a des enseignements à tirer pour la suite de la compétition. On doit maintenant basculer vers la prochaine rencontre face à Baskonia. » 

Georgios Bartzokas (entraîneur de l’Olympiakos) : « C’était une atmosphère incroyable ce soir, une grosse victoire pour nous face à une équipe de Monaco contre qui il est toujours difficile de jouer. C’était une rencontre comme en play-offs avec une intensité maximale. On a été mis en difficulté, notamment au rebond, mais nous n’avons jamais lâché. Les gars ont fait preuve d’un gros caractère. »

Mam Jaiteh (pivot de la Roca Team) : « C’est une défaite frustrante, on était devant tout au long de cette rencontre. On a bien abordé ce match, on était présents dans le combat mais les quelques trous d’air nous coûtent la victoire. C’est vraiment difficile à encaisser. Pour ma part, j’essaye de tout donner quand on fait appel à moi. Mais ce soir mis à part la défaite, il n’y a pas grand chose à retenir au final. »

Moustapha Fall (pivot de l’Olympiakos) : « C’est toujours dur contre Monaco, on le sait c’est toujours des combats. Aujourd’hui on a réussi à gagner, et chez eux ils l’ont fait aussi. Il y a un partout. Ca nous fait du bien de l’emporter, nous sommes sur une bonne dynamique, le groupe est au complet, on s’entraîne correctement, et ça se ressent sur le terrain. »

LA FICHE TECHNIQUE

À Athènes, Stade de la Paix et de l’Amitié, l’Olympiakos bat l’AS Monaco 75-73 (17-21, 17-15, 22-22, 19-15)

Olympiakos : 25 tirs sur 55 (9/23 à 3-pts), 16 LF sur 18, 30 rebonds (Walkup 7), 18 passes décisives (Walkup 9), 1 interception, 7 balles perdues.
La marque : Canaan 16, Peters 14, Mckissic 13, Walkup 9, Fall 9, Papanikolaou 8, Milutinov 2, Petrusev 2, Larentzakis 2, Brazdekis, Williams-Goss. 

Monaco : 31 tirs sur 72 (6/20 à 3-pts), 5 LF sur 7, 38 rebonds (Diallo-Brown III 5), 18 passes décisives (James 7), 4 interceptions, 4 balles perdues. La marque : Jaiteh 14, James 10, Brown III 9, Diallo 9, Motiejunas 9, Okobo 8, Walker 6, Ouattara 4, Blossomgame 2, Hall 2, Cornelie.