Une défaite au buzzer qui laisse des traces

Une défaite au buzzer qui laisse des traces

Désillusion. Difficile d’avoir d’autres mots après une telle défaite. La Roca Team avait pourtant ce match en main face au Panathinaikos. Elle comptait encore 12 points d’avance au coeur du quatrième quart-temps. Mais avec un gros coeur, les Grecs n’ont jamais lâché et ont grappillé petit à petit, profitant aussi de certaines maladresses des locaux. Jusqu’à ce panier terrible au buzzer de Grigonis qui a enquillé toute la soirée. Avec au bout, des regrets immenses pour un petit point (90-91). Il faut vite se remettre en question avant de se déplacer au Bayern ce vendredi dans moins de 48 heures.

LE MATCH

La Roca Team accueille le Panathinaikos ce soir dans un Gaston-Médecin qui signe une nouvelle fois sa plus grosse affluence cette saison, avec plus de 3000 supporters en tribunes. Un sixième homme qui sera très important pour affronter cette équipe grecque qui s’est imposée sur le parquet de l’Asvel il y a une semaine de cela, et qui opère une vraie remontée au classement à la suite d’un mois de novembre grandement réussi. 

Les hommes de Sasa Obradovic veulent repartir du bon pied sur la scène européenne après la défaite subie vendredi dernier sur le parquet du Fenerbahce. Ils ont du mal à enchaîner dans cette compétition ultra-serrée, avec mis à part le Real qui domine copieusement son sujet, une réalité évidente que tout le monde a son mot à dire. Toutes les rencontres sont primordiales et valent leur pesant d’or, afin de décrocher un ticket pour les play-offs au printemps prochain. 

Ce soir, l’entraîneur monégasque doit toujours faire sans Jordan Loyd, qui est encore en proie à des problèmes de dos récurrents. Une situation qui ne s’arrange pas pour le moment malgré une opération cet été. Sasa Obradovic aligne donc dans son cinq de départ Mike James, Yakuba Ouattara, Alpha Diallo, John Brown et Donatas Motiejunas. En face, Ergin Ataman fait le choix de débuter avec Sloukas, Grant, Grigonis, Mitoglou et bien évidemment l’ancien de la maison asémiste Mathias Lessort. 

Entre des fans grecs qui donnent de la voix et ceux de la Roca Team à l’unisson, l’ambiance est au rendez-vous à Gaston-Médecin. Avec toujours Ferxel le fidèle speaker qui entraîne tout un public avec lui. Les premières minutes sont défensives, et à ce petit jeu-là, le Pana prend un meilleur départ. Sloukas et Mitoglou mettent les leurs sur orbite (0-4). 

Donatas Motiejunas sonne la révolte avec un rebond offensif sur la tête de Mathias Lessort, puis un trois points alors qu’il est bien servi par Mike James (5-4). Mais dans cet exercice, ce diable de Grigonis n’est pas en reste. Il en met deux coup sur coup, pour répondre aussi à Yakuba Ouattara (8-12). Quatre points d’avance pour les Grecs alors que le premier temps-mort des arbitres intervient.

Kostas Sloukas est toujours aussi efficace. Il se rappelle au bon souvenir d’affronter la Roca Team avec à l’époque le grand ennemi Olympiakos. Le meneur grec empile les points avec facilité, et Monaco n’y est pas pour le moment. Ce qui fait que Sasa Obradovic prend son premier temps-mort dans cette rencontre. Les Roca Boys sont à six points derrière (10-16).

Grigonis n’est pas en reste pour le Pana avec ses 8 points dans ce seul premier quart-temps. Seul les joueurs du cinq de départ grec ont marqué pour le moment (12-20). Les Roca Boys finissent mieux ce premier quart-temps avec l’entrée impactante de Donta Hall dans la peinture, mais aussi celle de Petr Cornelie. Sans oublier Kemba Walker, auteur de belles séquences défensives. À la fin de ce Q1, le Panathinaikos ne compte plus qu’une possession d’avance (19-22). 

La troupe de Sasa Obradovic laisse faire ce qu’il veut à Grigonis, et le Lituanien n’en demande pas tant. Il régale une fois de plus, avant que Vildoza en transition ne sanctionne les pertes de balle des locaux (19-26). Elie Okobo sonne la révolte avec un and one agressif. Puis Mike James régale à la passe pour Donta Hall qui claque un dunk monstrueux. Quelle présence du pivot US. Tout est relancé avec plus que deux points de retard (24-26). 

Kemba Walker provoque une anti-sportive en transition, et juste derrière il trouve Donta Hall pour un alley-oop qui embrase les fans sur la tête de Mathias Lessort (28-28). Les Roca Boys sont revenus à égalité et comme si cela ne suffisait pas, Kemba Walker plante un missile longue distance (31-28). Gaston-Médecin est en ébullition, et Kemba Walker sort sous les ovations du public. 

Sloukas met deux lancers-francs sur une faute sévère sifflée à l’encontre de Donta Hall. Sur une possession bien construite, Mike James met un nouveau shoot longue distance (34-30). Les Monégasques comptent quatre unités d’avance au tableau d’affichage à 5’30 minutes de la pause. Ergin Ataman opte pour le temps-mort.

Les deux formations sont dans la pénalité pour les cinq minutes restantes. Mitoglou marque dans la peinture, mais Elie Okobo réplique avec deux lancers (36-32). Les deux formations se rendent coup pour coup et la lutte est intense. L’écart n’a jamais dépassé les dix points au coeur de ces 20 premières minutes. Sur un trois points de VIldoza en transition, le Pana revient même à un tout petit point (40-39). 

En sortie de temps-mort, Alpha Diallo se montre précieux avec un trois points qui fait du bien. La récupération de balle juste après soulage encore plus, d’autant qu’Elie Okobo est envoyé sur la ligne des lancers-francs (44-39). À la pause finalement, les hommes de Sasa Obradovic comptent finalement 8 points d’avance, grâce à la maestria de Mike James qui permet à John Brown de mettre un panier sous le cercle avec la faute (47-39).

Au retour des vestiaires, Sasa Obradovic opte pour un cinq de départ identique avec Mike James, Yakuba Ouattara, Alpha Diallo, John Brown et Donatas Motiejunas. Pour les grecs, Mathias Lessort réattaque aussi malgré ses cinq fautes. Un choix étonnant mais ambitieux. À ses côtés, il y a Vildoza, Nunn, Grigonis et Mitoglou. 

La Roca Team reste sur sa belle lancée entrevue avant la pause. Alpha Diallo est incisif en attaque, tout comme Mike James. Pour la première fois dans cette rencontre, la barre des dix points d’avance est franchie (53-42). La troupe de Sasa Obradovic compte 11 points d’avance, et le Pana bafouille son basket à l’image d’un Mathias Lessort parfaitement muselé par John Brown.

Mike James en parfait leader qu’il est poursuit sur sa lancée. Il donne le tempo des deux côtés du terrain, et personne ne peut rien faire sur lui en défense (55-42). Il sort sous les acclamations de la salle Gaston-Médecin, tandis que les Grecs ne mettent plus un seul shoot depuis de nombreuses minutes.

Mitoglou met fin à cette série noire, mais Elie Okobo répond dans la foulée (57-44). Les fans monégasques sont proches de leurs joueurs et donnent de la voix. La défense asémiste est ultra-agressive. 13 points d’avance pour les Roca Boys, alors que le temps-mort des arbitres est donné (57-44). Il va falloir tenir sur cette cadence. 

Malgré un trois points d’Elie Okobo parfaitement décalé par Mike James, les visiteurs ne veulent pas abdiquer loin de là. Des lancers de Kostas Sloukas et Mathias Lessort les laissent à hauteur de la barre des dix points. Avant que Vildoza ne fasse mouche à trois points (60-51). Furieux, Sasa Obradovic demande le temps-mort alors que les siens ont 9 points d’avance.
Le Pana est complètement revenu dans la partie avec encore un missile longue distance de Vildoza, puis Sloukas qui sert Mitoglou ligne de fond (61-56). Il n’y a donc plus que cinq points d’avance pour les Monégasques. Kemba Walker provoque des fautes pour aller sur la ligne des lancers. Il met les deux, et dans la foulée Elie Okobo régale avec un move incroyable. Avec deux lancers d’Alpha Diallo, Monaco finit ce Q3 sur un 6-0, et se donne de l’air. 11 points d’avance à l’aube des dix dernières minutes (67-56).

L’écart se stabilise autour de la barre des dix points dans cette entame d’ultime quart-temps. Alpha Diallo et Donta Hall répondent à Nunn et Mathias Lessort (72-63). Le Pana est à 9 points. Alpha Diallo est l’homme du moment avec un nouveau trois points qui fait un bien. Mais Sloukas donne la réplique dans la foulée (75-66). Il va falloir se battre jusqu’au bout. 

Kemba Walker soulage tout ce beau monde avec un trois points seul dans le corner. Quel bonheur d’entendre les fans chanter à tue-tête, alors que Monaco a 12 points d’avance (78-66). Kemba Walker a inscrit ce soir son plus gros total de points en Euroleague (13), mais aussi sa plus grosse évaluation (22). Il reste encore six grosse minutes à tenir pour l’ASM. 

D’autant plus que les hommes de la capitale grecque ne lâchent rien. Nunn marque en pénétration, parfaitement imité par Mathias Lessort sous le cercle. Malgré Alpha Diallo, Nunn toujours lui plante un T3. Le Pana revient à cinq unités alors qu’il reste quatre minutes à jouer dans cette rencontre (80-75). Tout est à refaire, et Sasa Obradovic demande le temps-mort.  

En sortie de temps-mort, Monaco perd le ballon et se retrouve sous une grosse menace adverse, avec plus qu’une possession d’avance (80-77). Donatas Motiejunas, tout juste revenu sur le terrain fait du bien avec un panier sous le cercle (82-77). Avec encore 3’40 minutes au compteur, Ergin Ataman prend un temps-mort. C’est une partie d’échecs. 

Le Panathinaikos revient complètement avec un Nunn qui enfile les paniers comme des perles. Il n’y a plus qu’un petit point d’avance pour les Roca Boys (82-81). Une fin de match qui s’annonce irrespirable. Qui d’autre que ce diable de Sloukas pour ramener les deux formations dos à dos ? Il plante un trois points qui fait beaucoup de mal au moment d’entrer dans le money-time (84-84). 

Sous haut tension, Alpha Diallo récupère une faute offensive ô combien précieuse ! Un rebond offensif tout aussi précieux est pris par Donatas Motiejunas sous le cercle. Au moment de remonter au panier, il subit une faute d’Hernangomez. Alors qu’il y a encore 1’15 minute à disputer, le pivot international lituanien fait un sur deux sur la ligne des lancers (85-84). 

Mike James défend comme un mort de faim sur Nunn, lui faisant complètement manquer sa pénétration. Sur la transition, Mike James toujours lui provoque avec grande malice la faute de Sloukas à trois points. Il ne tremble pas et montre à quel point il est important dans ces moments-là. Quatre points d’avance pour Monaco avec encore 52 secondes à jouer (88-84). 

En sortie de temps-mort, Sloukas marque très rapidement (88-86). Juste après, sur la remise en jeu, Donatas Motiejunas perd le ballon sur la grosse défense de Mathias Lessort. L’international français est au rebond offensif pour égaliser à 20 secondes de la fin de cette partie (88-88). Le temps-mort est bien évidemment pris par Sasa Obradovic. 

La dernière possession arrive dans les mains d’Elie Okobo. L’arrière international français se joue de Vildoza et marque avec la faute. Mais il ne met pas son lancer bonus volontairement sans même toucher l’arceau. Avec encore deux secondes au chrono, Ergin Ataman peut donc prendre son dernier temps-mort (90-88). Le pire arrive avec un trois points de Grigonis au buzzer (90-91). C’est cruel, il n’y a rien d’autre à ajouter.

ILS ONT DIT

Sasa Obradovic (entraîneur de la Roca Team) : « Nous avons perdu tactiquement ce match. À Valence lors de la première journée, c’était un peu la même chose. Grâce à nos erreurs, ils ont pu scorer sur des points faciles. Le lancer manqué d’Elie ? C’est ma décision oui. Si on laisse en vie l’adversaire quand nous avons en face ce genre d’équipe, ça ne pardonne pas. Sloukas, Vildoza, Grigonis, ils peuvent marquer n’importe quand. Défensivement, nous n’avons pas fait les stops qu’il fallait. Il n’y a qu’à voir le quatrième quart-temps. »

Petr Cornelie (ailier-fort de la Roca Team) : « C’est avant cette fin de match qu’on perd. C’est vraiment un peu con comme défaite. On doit tous se remettre en question individuellement et dans les attitudes. Cela ne doit pas arriver. On ne pouvait pas les laisser revenir comme ça. Il va falloir qu’on se parle pour avancer, car on ne peut pas continuer comme ça. »

Ergin Ataman (entraîneur du Panathinaikos) : « Nous avons bien commencé le match dans premier quart-temps avec un bon basket, mais après il y a eu de nombreux turnovers. On a eu du mal défensivement sur Mike James, Elie Okobo et Alpha Diallo. Nunn nous a fait du bien avec de nombreux shoots. Dans le dernier quart-temps, nous n’avons jamais lâché, et c’était une rencontre très dure. C’était voulu d’avoir cinq shooteurs sur la dernière possession et ça a payé. C’est une victoire d’équipe importante pour notre classement. »

 Mathias Lessort (pivot du Panathinaikos) : « Les victoires comme ça, quel plaisir. Pour le moral pour la confiance. On ne s’est pas démotivés, on a fait en sorte de toujours rester dans le match, faire des bonnes interceptions à des moments opportuns. C’est une victoire d’équipe et maintenant le chemin est encore long. On est miraculés. L’Euroleague est très serrée, tout peut se passer donc il faut continuer comme ça. »

LA FICHE TECHNIQUE 

À Monaco, salle Gaston-Médecin, le Panathinaikos bat l’AS Monaco 91-90 (22-19, 17-28, 17-20, 35-23)

Monaco : 30 tirs sur 59 (9/19 à 3-pts), 21 LF sur 25, 37 rebonds (Brown 8), 18 passes décisives (James 6), 5 interceptions, 15 balles perdues.
La marque : Diallo 17, James 16, Okobo 15, Walker 13, Hall 11, Motiejunas 8, Brown 5, Ouattara 3, Cornelie 2, Blossomgame.

Panathinaikos : 35 tirs sur 68 (9/26 à 3-pts), 12 LF sur 16, 29 rebonds (Mitoglou 7), 18 passes décisives (Sloukas 4), 9 interceptions, 8 balles perdues.
La marque : Sloukas 17, Lessort 16, Grigonis 15, Nunn 14, Mitoglou 12, Vildoza 11, Balcerowski 2, Grant 2, Hernangomez 2, Antetokounmpo.