Donatas Motiejunas : « Être prêt à tout sacrifier pour aller au bout »

Donatas Motiejunas : « Être prêt à tout sacrifier pour aller au bout »

Donatas Motiejunas, l’enfant de Kaunas revient sur sa terre natale. Et en grande pompe, pour y disputer un Final Four d’Euroleague qui s’annonce palpitant, excitant, et dans une atmosphère bouillante. Le pivot lituanien, formé au Zalgiris est un homme fort du système de Sasa Obradovic. De par son fighting spirit, il montre l’exemple en se jetant en permanence sur les moindres ballons qui traînent, et apporte à 32 ans, toute son expérience du très haut niveau. DMO s’est exprimé pour le site du club à l’approche de ce F4. Une interview sans concession, où il se permet de rêver grand, très grand. Légitimement.

Cette qualification pour le Final Four après un match 5 irrespirable, ce fut beaucoup d'émotions. Avec le recul, quels ont été tes sentiments ? 

Les sentiments étaient incroyables avec une communion fantastique. Nous nous sommes battus très durement l'année dernière contre l’Olympiakos et nous n'avons pas pu gagner le match 5. C'était serré, mais nous avons finalement cédé. Et plus ou moins de la même manière, gagner cette fois le cinquième match à la maison devant tous nos fans, entrer dans l’histoire, c’est fantastique. Et puis, tout le monde se rend compte que c'est la deuxième année que nous participons à l'Euroleague. L’an dernier, nous avons fait les playoffs, et maintenant le Final Four. Je veux dire que c'est une réussite incroyable pour le club et pour chacun d'entre nous individuellement. Les sentiments sont donc très forts, mais en même temps, nous comprenons tous qu'il y a un objectif plus grand à atteindre. Nous ne voulons pas nous contenter d’atteindre seulement le Final Four, nous sommes tous déterminés à le gagner.

On sent vraiment que ce groupe ne fait qu'un et regarde ensemble dans la même direction pour atteindre ses objectifs... Peux-tu nous parler de l'ambiance qui règne cette saison entre les gars ? 

Comme dans n'importe quelle autre équipe, il y a des hauts et des bas. Mais quand un tel moment arrive, lorsque ce game 5 crucial était tout proche, alors nous avons fait front et sommes restés unis dans l’adversité. Tout le monde se soutient vraiment pour tirer le coéquipier d’à côté vers le haut. Que ce soit à l'entraînement ou en match. Les gars n’ont pas peur de dire à l'autre ce qu'il peut faire de mieux ou ce qu'il devrait faire de mieux. Nous avons tous le même objectif en tête et on se donne à 100 % en permanence pour y arriver. J'espère que nous aurons la même concentration que celle que nous avons eue contre le Maccabi lors de la troisième rencontre qui fut certainement une référence en la matière. 

Tu vas  jouer un Final Four à Kaunas, dans ta ville natale, où tu as été formé. Peut-on parler d'un rêve pour toi ? 

Je pense que c'est incroyable. Tous les joueurs rêvent d'atteindre le Final Four, et encore plus dans leur ville natale. J’en suis extrêmement heureux. Et bien sûr, je m'attends à ce que les fans lituaniens qui ont acheté des billets poussent derrière nous. Ils vont soutenir notre équipe pour nous aider à battre l'Olympiakos. C'est ce que j'attends et je suis très excité quant à cette idée.

Toi qui a longtemps joué en NBA, et qui vient de faire deux saisons consécutives en Euroleague, peux-tu affirmer que le plus haut niveau européen est proche de la NBA ? 

Il est vraiment difficile de comparer l'Euroleague et la NBA, et plus particulièrement les play-offs. Les choses qui se passent pendant les play-offs en Europe sont vraiment incomparables. Tout le monde l'a vu. Il y a une atmosphère différente, un sentiment qui change lors de cette phase à élimination au meilleur des 5 matchs. Je ne pense pas que les salles de NBA puissent s'approcher de ce qui se passe en Europe en termes d’atmosphère et de ferveur. En ce qui concerne le basket, la NBA est complètement différente du basket européen. Je ne pense donc pas que l'on puisse faire des comparaisons. Je me sens juste extrêmement heureux d'avoir la chance de vivre cette expérience et de jouer au plus haut niveau européen depuis deux ans maintenant.

Justement, on voit à quel point tu prends soin de toi et de ton corps. Est-ce essentiel pour rester performant au plus haut niveau ?

Tout à fait oui. Je passe des heures et des heures en permanence, même lors des jours offs, à faire mes gammes, mes étirements, et tous ceux dont j’ai besoin. Pendant deux ans, je n'ai pas manqué un seul match. En Euroleague, j'ai joué presque à la même intensité toute l'année. Je sais donc ce que je dois faire en dehors des terrains pour préparer mon corps à la même charge, à la même intensité. C'est donc beaucoup de travail, mais en même temps, je suis extrêmement heureux parce que tout ce travail effectué porte ses fruits. Cela montre que le chemin que j'ai pris est le bon. Mon objectif est de rester au plus haut niveau aussi longtemps que possible. Il y a de très bons exemples, comme Kyle Hines qui joue encore à 36 ans, et qui va probablement continuer. Je veux en faire de même et tirer le meilleur de ce sport. J'aime tellement le basket et je sais qu'un jour ça va s'arrêter pour moi. Mais en même temps, ça fait partie de ma vie. J'ai commencé à l'âge de sept ans et j'aime vraiment ce jeu.

Peux-tu nous parler de ta complémentarité avec Donta ? Vous avez deux styles complètement différents, une équation difficile à résoudre pour vos adversaires…

Donta et moi, nous sommes des joueurs très différents et nous avons des forces propres à nous-mêmes. Pour un entraîneur, c'est vraiment bien parce que contre certaines équipes, Donta est plus apte à jouer. Contre d'autres, c'est moi qui correspond le mieux. Et l'entraîneur doit simplement choisir selon le jour et l'adversaire que nous allons affronter. Nous avons tous les deux un respect mutuel, un grand respect. Je vais toujours parler de lui en bien parce que c'est une personne extraordinaire, un joueur extraordinaire, et je suis content qu'il soit dans mon équipe. Je le soutiens de tout mon cœur et je ne lui souhaite que le meilleur sur le terrain. Quand je fais un bon match, il me félicite en permanence et dans le sens inverse c’est pareil. Même si nous jouons au même poste et que nous sommes censés être des concurrents, nous nous soutenons mutuellement. Je pense que c'est un bon exemple pour montrer  de quelle façon deux pivots qui se partagent le temps de jeu doivent travailler ensemble. Je suis fier d'avoir un joueur comme lui à mes côtés. Nous connaissons nos points forts et nous essayons de les exploiter.

Rencontrer l'Olympiakos en demi-finale est symbolique après votre quart de finale de l'année dernière, dont tout le monde se souvient encore..

Vous savez, cette série était très difficile et d’une énorme intensité. ils étaient fatigués, nous étions fatigués, mais à la fin, ils nous ont surpassés. Notre force a toujours été l'attaque et ils ont réussi à prendre le meilleur sur nous. ils nous ont battus à la loyale. C'est donc une rancune de l'année dernière qui perdure. Après avoir remporté les deux matchs cette saison contre eux en phase régulière, les journalistes me demandaient si c’était une revanche pour nous ? Mais non pas du tout, car il ne s’agissait que de la saison régulière. Il faut se concentrer sur cette rencontre qui arrive vendredi. Je sais que nous pouvons les battre, nous savons tous que nous pouvons les battre. Ils nous ont battus aussi. Il y a donc des antécédents. Alors maintenant, qui le veut le plus ? Qui est prêt à tout sacrifier ? Qui est prêt à se battre sur chaque ballon ? C'est une équipe extraordinaire et il va falloir se battre pour la vaincre. C'est pourquoi nous avons un grand respect pour eux, mais en même temps, nous ferons tout ce qu'il faut pour l’emporter et aller en finale.

 L'Olympiakos attend près de 4000 supporters à Kaunas… Mais vous avez déjà prouvé par le passé que ce genre d’atmosphère vous convenez bien ? 

Oui, c'est vrai. Avoir un grand nombre de supporters de votre côté dans un Final Four lors de ce type d'événement, c'est extraordinaire. Nous savons tous que les supporters de l'Olympiakos sont incroyables et nous les respectons totalement. L'année dernière, nous avons joué contre eux, et ils soutenaient leur équipe du mieux qu'ils pouvaient. C’était tout simplement phénoménal de jouer là-bas. Mais cela peut aussi leur mettre beaucoup de pression. S'ils ont de nombreux fans dans les tribunes, cela va ajouter un certain poids sur les épaules des joueurs. Nous verrons ce qu’il se passera. En tout cas, on se prépare à livrer un énorme combat.

 Rêver grand pour ce F4 c’est possible… Quelles seront les clés pour aller au bout ?

Bien sûr que nous rêvons de gagner le Final Four. Nous le voulons tous. Mais en même temps, vous savez, il faut prendre un match à la fois. Le dernier carré de l’Euroleague va mettre à l’épreuve ses 4 derniers représentants. Comme jamais ce ne fut encore le cas lors de la saison qui vient de s’écouler. Les équipes, les joueurs vont se donner à 100%. Et ce sera difficile. Un jour de basket, un jour de pause, et puis un autre jour de basket. Il faudra bien assimiler ce format. Un basket de haute intensité et de haut niveau. Cela va vraiment demander beaucoup d'efforts à tous les joueurs. Donc à partir de ce moment-là, il s’agira de savoir qui en veut le plus et qui est prêt à sacrifier les 80 dernières minutes de cette saison d’Euroleague.