Sasa Obradovic : "Les ambitions seront encore plus élevées"
Une quinzaine de jours après l’épilogue 5 des finales entre Monaco et l’Asvel, nous sommes revenus sur cette saison avec Sasa Obradovic. L’entraîneur de la Roca Team qui sera toujours aux manettes et qui a prolongé pour trois saisons, est la raison numéro un de cet incroyable exercice cette année. C’est la deuxième fois après février 2019 que Sasa Obradovic arrive en sauveur de l’ASM en cours de saison. Le maître tacticien qu’il est a permis au groupe de trouver cette alchimie nécessaire pour déplacer des montagnes, et réaliser le meilleur bilan de la phase retour d’Euroleague. Avec à la clé une qualification historique en playoffs pour une première participation. Il a abordé tous les sujets d’un exercice ô combien passionnant mais aussi éprouvant. Tout en réitérant les ambitions très élevées du club de la Principauté pour l’exercice 2022-2023 qui se présente.
Sasa, avec du recul, quel bilan général tirez-vous de cette saison ?
Il manque ce titre au bout. Mis à part ça, quand je suis arrivé, la situation n’était pas bonne. Beaucoup de choses devaient changer au sein de l’équipe pour qu’une alchimie soit trouvée et créée entre les joueurs. Et quand on voit le bilan final, on peut se dire que nous avons réalisé du très bon travail au vu du chemin parcouru. On est parvenu à se qualifier pour le top 8 de l’Euroleague, ce qui n’était pas du tout envisageable avant que j’arrive. Et nous sommes allés jusqu’en finale du championnat de France. Je pense que c’est d’ailleurs ce parcours en Euroleague qui nous a coûté le titre. La fatigue accumulée, tant physique que mentale a eu raison de nous. On peut aussi retenir l’intérêt des fans qui ne cesse de grandir, et on a pu le constater en tribunes. C’est quelque chose de louable. Nous avons bien représenté Monaco sur la scène nationale mais aussi européenne.
En finale face à l’Asvel, qu’est-ce qu’il a manqué à vos joueurs ?
En finale, nous avons trop fait les montagnes russes. Il y a eu des hauts et des bas d’un match à l’autre. A ce niveau-là, pour être champion de France, ce n’est pas acceptable. Lors des games 2 et 4, nous n’avions pas eu le bon comportement sur le terrain. C’était indigne d’une équipe de top niveau et de playoffs. Quant au match décisif, au vu du scénario, c’était de la loterie. Sans oublier cet avantage pour l’Asvel de l’avoir joué à domicile. Pour moi, nous avons laissé passer notre chance à cause de nos grosses absences aux matchs 2 et 4.
L’Euroleague ce fut un parcours exceptionnel avec une série dantesque face à l’Olympiakos que de nombreux observateurs ont décrit comme une des plus intenses de la compétition..
Je pense que même avec la présence des équipes russes jusqu’au bout, on serait tout de même allé chercher cette qualification pour les playoffs et ce fameux top 8. On a toujours su montrer à chaque match, une grande combativité. Que ce soit à l’extérieur ou à domicile. Ce quart de finale face à l’Olympiakos a atteint des sommets. Match après match, c’était de plus en plus intense, car personne ne voulait jamais rien lâcher, dans l’optique de ne pas se faire distancer. Nous n’avons pas abandonné et c’est ce que les gens voulaient voir. Ca s’est décidé sur l’expérience de ces grands rendez-vous pour l’Olympiakos, et d’un joueur comme Sloukas. On a eu notre chance de créer la surprise, et nous ne sommes pas passés loin.
L’image du basket français est en train de changer au plus haut niveau européen avec Monaco et l’Asvel qui s’affirment avec de gros projets…
La France est reconnue au niveau international avec de très bons joueurs NBA mais aussi pour sa capacité à figurer parmi les meilleures sélections mondiales. Maintenant l’Asvel et Monaco s’installent au plus haut niveau européen avec l’Eurolague, et veulent bâtir de sérieux projets. Ca ne fera que grandir d’année en année. Notre défi sera de répondre présent, mais aussi d’avoir l’ambition de franchir des paliers. Nous bâtissons un effectif pour conserver ce standing européen acquis cette année. Le top 8 sera bientôt l’objectif minimal à atteindre pour nous, et non plus le but ultime.
Vous êtes arrivé en décembre, et les joueurs ont tout de suite adhéré à votre méthode de travail. Comment l’expliquez-vous ?
Il a été difficile de gérer toutes les personnalités des joueurs du vestiaire. Mais aussi les attentes qu’il y avait autour. Avoir trop d’étrangers avec le règlement de la Ligue en France était forcément problématique. On a donc dû faire des choix avec un joueur comme Rob Gray, pourtant MVP l’an dernier en Eurocup. Il a fallu adapter le temps de jeu de certains avec des gars comme Brock Motum et Danilo Andjusic qui ont eu moins de minutes mais qui se sont montrés toujours exemplaires malgré les réticences. Ca n’a pas été facile car ce sont de bonnes personnes. C’était difficile aussi de savoir si on avait la bonne combinaison de joueurs.
C'est la deuxième fois que vous arrivez à Monaco en cours de saison. Et à chaque fois, vous avez réussi à complètement relancer la machine. Quelle est la clé de la réussite ?
En tant qu'entraîneur, vous devez vous adapter à toute situation. Etre capable d'identifier les faiblesses et de montrer le meilleur de vos forces. Tout comme donner un rôle à chaque joueur, et comprendre quel est le bon mélange de gars sur le terrain. Il faut adapter votre philosophie de jeu par rapport aux capacités réelles de vos joueurs, tout en les écoutant. Je me dois de trouver l'équilibre sur le terrain mais aussi reconnaître tout ce que vous pouvez leur demander sans pour autant les mettre dans des situations où ils perdent leur vivacité et leur productivité. Travailler sur des bases quotidiennes pour vendre votre histoire et si vous commencez à gagner les matchs, tout est plus facile. Il y a beaucoup d'autres facteurs, mais j'ai choisi les plus importants pour moi.
Cet été, avec de nombreux départs et des arrivées en perspective, il va falloir travailler dur. Comment faire avec un effectif remodelé en tant que coach ?
Après toutes les discussions que nous avons eues sur le futur, les nouveaux joueurs et prospects, je suis très confiant. On ne sait pas comment se passera la saison, mais je suis serein sur le fait de comment aborder la saison, et comment faire pour réussir. Même si nous ne sommes jamais à l’abri de potentiels imprévus.
Quelles seront les ambitions pour le prochain exercice ?
Elles seront encore plus élevées que lors de la précédente saison, et on ne doit pas s’en cacher, bien au contraire. Gagner le championnat de France est important pour le club, pour Monaco, pour les fans. Et on doit s’implanter encore plus haut dans le paysage européen en Euroleague. L’année prochaine mais aussi dans le futur avec les saisons qui suivront.