Les experts du basket évoquent Monaco et cette qualification historique
La Roca Team l’a fait ! Pour sa première participation à la plus grande des compétitions européennes, l’Euroleague, elle a décroché une place en playoffs historique. Auteurs d’une deuxième partie de saison régulière ahurissante, les Monégasques ont presque tout emporté sur leur passage. Pour revenir de loin, très loin ! C’est une première pour un club français depuis l’Asvel de 2001.
Les grands noms du journalisme du basket sont unanimes sur cette qualification plus que méritée. Pour eux, celle-ci porte l’empreinte de Sasa Obradovic et d’un collectif retrouvé prêt à partir au front aux quatre coins de l’Europe. Et qu’à cela ne tienne, l’AS Monaco est un candidat plus que crédible au Final Four.
David Cozette (Monaco Info)
"Le déclic clairement, c’est l’arrivée de Sasa Obradovic à la tête de l’équipe. Plutôt que de sortir un joueur du lot, pour moi le MVP c’est lui. C’est avec Sasa que tout a changé. Durant toute ma carrière de journaliste, je n’avais jamais vu auparavant un changement de coach qui a mené a autant d’effets radicaux. A l’automne dernier, avec Ali Traoré, on se disait que c’était dommage, car il y avait matière à faire quelque chose. Aujourd’hui le collectif est impressionnant. Cette Roca Team est spectaculaire à voir. Dwayne Bacon et Mike James ont un talent hors-norme, Alpha Diallo est épatant, Donatas Motiejunas est délicieux, tandis que Donta Hall est une vedette à lui tout seul."
Le match à Milan ? "Quand on voit ce qu’ils ont fait c’est une incroyable performance. Retourner cette rencontre face à une équipe de Milan en confiance et qui maîtrisait son sujet, c’est fort. J’ai rarement vu une équipe aussi forte et puissante en France. Il y a eu l’exploit monumental de Villeurbanne en 1997 pour rejoindre le Final Four. Je pense que Monaco a les moyens de faire la même chose. Il faut éviter Barcelone, c’est la seule formation qui parait supérieure de l’avis de tous. D’un point de vue athlétique c’est très fort."
Le tournant sur le parquet ? "Clairement ces trois déplacements consécutifs avec des victoires très autoritaires sur les parquets du Bayern, de l’Asvel et du Zenit. Pour un club français, c’est rarissime de gagner de la sorte en déplacement. A partir de ce moment-là, Monaco a montré sa véritable force."
Benoit Cosset (La chaîne l’Équipe)
"J’ai plus l’impression qu’il s’agit d’une véritable montée en puissance au fil des matchs. A chaque fois, je suis épaté par ce groupe qui parvient toujours à confirmer ses grandes performances. Dans la lecture, je n’ai pas de match référence, mais le collectif a su prendre ses responsabilités avec de vrais leader. Alpha Diallo pèse de plus en plus, Mike James est le facteur X capable de faire chavirer une rencontre. Donta Hall est énorme, et tout roule pour Dwayne Bacon. Celui qui m’impressionne vraiment c’est Paris Lee, car on ne l’attendait peut-être pas à ce niveau. Dans la rotation il est épatant, à l’image de son entrée décisive hier sur le parquet de Milan."
Que peut espérer Monaco ? "La certitude est que toutes les équipes veulent éviter Monaco en quart de finale. On parle de la meilleure équipe avec Barcelone sur la deuxième partie de saison. Les Roca Boys font forcément partie des légitimes favoris pour prétendre à une place au Final Four."
Arnaud Lecomte (L’Équipe)
"L’arrivée de Sasa Obradovic à la mi-décembre a clairement changé le cours de la saison de Monaco en Euroleague. Il a remis de l’ordre dans la maison de la Roca Team de façon brillante. J’avais du mal à imaginer qu’il puisse réaliser une telle chose avec cette qualification en playoffs. Il est parti de loin, mais il a su enclencher une dynamique brillantissime avec pas moins de 12 victoires, pour seulement 3 petites défaites. C’est mieux que le Barça sur ces 15 dernières journées d’Euroleague, c’est dire. Ce qui est encore plus impressionnant, c’est cette série en déplacement avec 7 victoires et 2 défaites dont une au tout début de l’ère Obradovic à Berlin. C’est très très fort, et c’est presque ça la plus grosse surprise. Etre capable de gagner de la sorte à l’extérieur. Sasa Obradovic a réussi à reprendre le vestiaire en main, et il lui a fallu très peu de temps, deux-trois semaines pour établir ce qu’on attendait. Il a lancé Dwayne Bacon en joker offensif, placé Mike James en patron de l’équipe. Il a trouvé la bonne formule avec une hiérarchie où chacun accepte son rôle. C’était indispensable."
La défense ? "Elle fait partie de ce qu’a apporté Sasa Obradovic dans la cohésion du groupe. Ce n’était pas la force du début de saison et de l’automne. Ils ont réussi à trouver cette alchimie. C’est en quelque sorte la magie du collectif qui a opéré. Car individuellement, on savait qu’ils en étaient capable. Les Monégasques parviennent à faire de nombreux stops, et à s’en nourrir pour faire mal en attaque. En plus de ça, ils ont Alpha Diallo, révélation de cette saison. Il bouche les trous là où il y en a, et il sait tout faire. Sasa Obradovic peut compter sur un effectif au complet et c’est un luxe au moment d’entamer les phases finales. Cette Roca Team peut espérer quelque chose d’incroyable en vue du Final Four."
Quel avenir en playoffs ? "Je pense que personne ne veut affronter Monaco en playoffs. C’est clairement l’épouvantail des équipes classées de la 5ème à la 8ème place. Peut-être même plus que le champion d’Europe en titre, l’Anadolu Efes. La Roca Team a un super coup à jouer. Il faudrait éviter le Barça en terminant au minimum 7ème. C’est la formation la mieux armée, et qui joue le mieux au basket. Elle a faim et est à la recherche de ce titre depuis 2010."
Stephen Brun (RMC Sport)
"J’ai eu beaucoup de mal à accrocher à cette équipe de Monaco lors des trois premiers mois. Et puis l’arrivée de Sasa Obradovic a peut-être donné l’envie à certains de rejouer un basket académique. De la vie a été retrouvée dans ce groupe-là et sur le banc. Il y a eu cet enchaînement exceptionnel lors des mois de janvier et de février avec cinq victoires d’affilées à l’extérieur. C’est ce qui a fait la bascule pour enclencher une dynamique positive et se projeter de nouveau vers une qualification possible dans le top 8. Mike James a changé sa façon de jouer en impliquant plus ses coéquipiers, et en étant bien meilleur dans la gestion du jeu. Alpha Diallo a fait une deuxième partie de saison monstrueuse et beaucoup de joueurs ont été énormes. Il y a une densité athlétique dans cette équipe de Monaco qu’on ne retrouve à mon sens, nul part en Euroleague. Il y a vraiment des armes à toutes les échelles et c’est ça qui est impressionnant. La Roca Team fait peur à beaucoup d’équipes. Le Real a bien tremblé face à Monaco, Barcelone s’en est sorti miraculeusement à Gaston Médecin. Les formations du top 4 vont vouloir éviter ces Monégasques qui sont en pleine confiance. La qualification en playoffs n’est pas une fin en soi, mais il n’y aura pas cette pression qu’il peut y avoir chez les gros d’Europe, qui doivent aller au Final Four au minimum. En ce sens, Monaco sera certainement le pire tirage pour l’une de ces équipes."
La défense au rendez-vous ? "Ils ont retrouvé une base défensive inexistante sur le début de la compétition. La philosophie a totalement changé à ce niveau-là, sachant qu’ils ont encore ce talent offensif où n’importe qui peut débloquer la situation."
Ali Traoré (Monaco Info)
"L’arrivée de Sasa Obradovic a bien évidemment tout changé. Il est venu dans une équipe malade et fracturée à l’époque. C’était juste une somme d’individualités, et il a réussi à en faire un véritable collectif. Pour cela, il a fait des choix avec une hiérarchie clairement établie. Le résultat est là, avec cette cohésion de groupe et toutes les forces de chacun pour aller chercher cette qualification. Je pense que toutes les formations du top 4 veulent éviter la Roca Team qui fait figure d’épouvantail. Je suis persuadé que s’il y a possibilité de calculer, pour ne pas affronter Monaco, certaines le feront. Ca prouve que les Monégasques ont accompli quelque chose de grand."