Immense, la Roca Team échoue aux portes du Final Four

Immense, la Roca Team échoue aux portes du Final Four

La Roca Team est passée tout proche de l’exploit de rejoindre le Final Four pour sa première participation en Euroleague, et de s’imposer une deuxième fois sur le parquet de l’Olympiakos. Après avoir mené presque tout au long de cette rencontre dans une ambiance indescriptible au stade de la Paix et de l'Amitié, elle a finalement cédé dans les derniers instants (88-94). Avec Paris Lee sorti pour 5 fautes et Mike James sur le terrain avec quatre au compteur, Sloukas a pris feu sur la fin. Une chose est sûre, les Monégasques peuvent sortir la tête haute, après avoir dignement représenté le basket français au plus haut niveau. Malgré la déception évidente, il y a cette immense fierté d’avoir combattu jusqu’au bout, les yeux dans les yeux avec l’ogre du Pirée. Les Roca Boys reviendront encore plus forts l’an prochain.

LE MATCH

Après une série incroyable, âprement disputée avec 4 premiers matchs totalement différents les uns des autres, l’épilogue est inéluctable avec ce game 5 décisif. On en aurait bien demandé encore un peu plus au vu du spectacle offert par les deux équipes. Mais il fallait un vainqueur et un perdant malheureux. Ce perdant malheureux c'est Monaco.

Dans l’enfer du Pirée et de son stade de la Paix et de l’Amitié qui affiche complet avec 12000 supporters chauds comme la braise, la Roca Team était en mission mais se trouvait face aussi à un challenge gigantesque. 14 fois il y a eu des matchs 5 à disputer en playoffs d’Euroleague. Et à 14 reprises, ce sont les équipes recevantes qui se sont imposées. La statistique est passée à 15 ce soir.

Pour cet ultime choc de cette série, Sasa Obradovic doit toujours se passer des services d’Alpha Diallo, insuffisamment remis de sa grosse béquille reçue à la cuisse sur un choc avec Sloukas lors de l’opus initial. Un véritable coup dur tant l’ailier Roca Boy aura été un élément d’une importance capitale tout au long de cette saison. Mais il y a de la ressource, et sans lui, ses coéquipiers sont allés chercher deux victoires, dont une au Pirée.

L’entraîneur monégasque fait tout de même dans le classique avec un cinq de départ composé de Mike James, Léo Westermann, Yakuba Ouattara, Will Thomas et Donatas Motiejunas. Son homologue grec Georgios Bartzokas lui aussi ne chamboule pas ses plans avec Walkup, Dorsey, Papanikolaou, Vezenkov et Fall.

Dans une ambiance indescriptible avec des supporters qui chantaient déjà à tue-tête près d’1h30 avant le début de cette rencontre, Monaco ne se laisse pas prendre par l’enjeu et la pression d’un tel match. L’Olympiakos inscrit les premiers points par Papanikolaou véritable poison de cette formation (0-4), mais la Roca Team se repose sur ses atouts. Donatas Motiejunas est omniprésent dans la raquette en éclipsant complètement Moustapha Fall, et Yakuba Ouattara réalise un travail monstrueux des deux côtés du terrain (8-6).

Les Monégasques sont dans leur match avec Mike James qui inscrit son premier panier en pénétration, et Paris Lee qui répond parfaitement à Walkup derrière l’arc (13-10). A l’image du duel entre Dwayne Bacon et Papanikolaou, cette rencontre est d’une intensité extrême. Dans ce duel très défensif avant que le festival offensif ne se lance, l’ASM vire en tête à la fin de ces dix premières minutes (13-11).

La défense asémiste est impressionnante à tous les niveaux, et l’Olympiakos ne trouve pas les solutions. Les hommes de Georgios Bartzokas s’agacent et commettent de nombreuses fautes. Ils se retrouvent dans la pénalité alors qu’il reste 8 minutes dans ce deuxième quart-temps. Dwayne Bacon remet les choses à leur place en plantant un panier avec la faute sur la tête de Papanikolaou, et Paris Lee se montre tout simplement injouable. Le meneur rouge et blanc est en totale réussite. Il étale l’intégralité de sa palette avec petit flotteur et trois points à répétition. Avec 12 points marqués, il permet aux Roca Boys de créer un premier break dans cette partie (30-19).

Paris Lee .jpg Paris Lee toujours aussi précieux. Sorti pour 5 fautes, il a cruellement manqué

Ce deuxième quart-temps est bien plus offensif, avec des individualités qui se mettent en évidence. L’Olympiakos bien que dans la difficulté trouve la parade pour rester dans les clous. Les Grecs se reposent sur un Mckissic monstrueux en sortie de banc, et qui réussit tout ce qu’il entreprend. Avec 16 points, l’Américain permet aux siens de recoller dans une atmosphère de plus en plus bouillante (41-36).

Alors que les locaux se montrent de plus en plus pressants, poussés par des fans survoltés, le facteur X monégasque Yak Ouattara a la main bouillante lors de cette première période. Avec deux trois points consécutifs, il redonne un bon bol d’air à ses coéquipiers (48-38). A 4/5 derrière l’arc pour 80% de réussite, le Français est très clutch et ne tremble pas. La Roca Team regagne les vestiaires avec sept unités d’avance (48-41). Yak Ouattara estime que c’est l’agressivité défensive qui va primer, et que les Roca Boys connaissent la recette du succès ici au Pirée.

Sur la fin, l'Olympiakos à l'expérience

La Roca Team revient sur le terrain avec encore Yakuba Ouattara qui dégaine derrière l’arc, et un Mike James altruiste, plus en réussite (53-45). Dans son stade qui bascule dans l’incandescent, l’Olympiakos va réaliser une série et reprendre les commandes pour la première fois depuis le premier quart-temps (55-56). Walkup est à l’origine, avec une énorme présence en défense, un T3, un petit shoot, et un panier sur interception.

Dwayne Bacon arrive au bon moment avec un T3 qui fait du bien, et derrière la lutte devient de plus en plus irrespirable avec un véritable chassé-croisé entre les deux rivaux. Bien que sous la menace, les Monégasques parviennent à garder la tête froide pour ne pas se laisser submerger par les émotions. Danilo Andjusic est déterminant avec un T3 monstrueux alors que Vezenkov défendait fort sur lui, et Mike James au buzzer dans le corner calme la bronca grecque venue des tribunes, sourire en coin (70-66).

A l’aube des dix dernières minutes, tout reste à faire. L’Olympiakos peut compter sur son public, véritable sixième homme qui joue son rôle à merveille. Ce dernier exulte dans un bruit assourdissant sur une action de grande classe de Vezenkov. L’ailier-fort remet les deux équipes à égalité sur un trois points avec la faute (72-72).

Mike James .jpgMike James auteur d'un double-double a tout tenté. En vain

Monégasques et Grecs ne se lâchent plus d’une semelle et se répondent à tout-va, à l’image des meneurs Mike James et Sloukas (75-75). Pour la Roca Team, Mike James et Paris Lee sont tous les deux à quatre fautes avec sept minutes à jouer. Ce n'est pas évident et très dangereux. Sur l’action qui suit, Paris Lee commet la cinquième et doit rejoindre le banc. Sans son fidèle lieutenant, les Roca Boys tiennent tant bien que mal avec Mike James en chef de file (79-78). L’ambiance atteint des sommets dignes des phases finales et des playoffs d’Euroleague, plus prestigieuse des compétitions européenne.

Les Grecs ont repris un léger ascendant mental dans le sillage d’un Sloukas qui s’est réveillé et qui mène parfaitement le jeu des siens (81-84). Les têtes sont basses, mais tout est encore possible. Dwayne Bacon permet aux Monégasques d’y croire encore, mais ce diable de Sloukas a enfilé son costume de héros au pire moment pour la Roca Team, et au meilleur pour les Grecs. Avec un Paris Lee sur le banc, et un Mike James à 4 fautes, c’est très compliqué de défendre sur lui. Il inscrit deux lancers et plante une banderille à trois points salvatrice (83-89).

La Roca Team avec un Mike James en double-double (24 points, 10 passes) n’abdique pas et jette ses dernières forces dans la bataille. Mais à chaque fois les réponses sont cinglantes, et Dorsey clôt le sort de ce game 5 (88-94). Emmenés par un Sasa Obradovic qui a fait des prouesses dès son arrivée en bon magicien, les Roca Boys peuvent être fiers de leur parcours pour cette première saison d’Euroleague de leur histoire. Ils ont fait vibrer la France entière, et sont passés à rien d’un Final Four. Ce qui aurait été grandiose. Mais ce n’est que partie remise…

ILS ONT DIT

Sasa Obradovic (entraîneur de la Roca Team) : " Je suis très fier de mes gars qui ont fait un très gros match ce soir. Bravo à l’Olympiakos qui mérite d’aller au Final Four, et qui a montré toute son expérience. Pour nous il va falloir forcément du temps pour être à ce niveau. Mais nous sommes qu’au début de la construction de quelque chose. On va apprendre de cette défaite. Ils ont usé du fait d’aller chercher les fautes pour aller sur la ligne. Il fallait faire la même chose de notre côté. Dans le dernier quart-temps, nous n’avons pas réussi à trouver de bons spots. "

Le bilan de cette saison d’Euroleague : " Je vous avoue que quand je suis arrivé, j’avais forcément de nombreux doutes. Je me posais la question : que faire ? J’ai eu le soutien de tous, et les joueurs ont suivi en travaillant dur en permanence aux entraînements. En tant que coach je ne peux qu’être fier et heureux de ce qu’on a fait. "

Yakuba Ouattara (ailier de la Roca Team) : " Le sentiment qui prédomine c’est forcément de la frustration. On s’est donné le droit d’y croire et on pensait vraiment qu’on pouvait le faire. L’Olympiakos a bien joué le coup en deuxième mi-temps en se procurant des paniers faciles et en allant chercher les fautes. Ils nous ont eu à l’expérience, ils savaient comment aller chercher des points dans les moments difficiles. Ils ont été portés par une ambiance incroyable, qui fait partie de la culture ici. On ne peut pas espérer gagner en concédant autant de lay-up. Avec Paris Lee qui sort pour 5 fautes, et Mike James qui en a 4 sur le terrain, ça change beaucoup mentalement. Il n’y avait plus la même agressivité défensive. Sloukas est un sacré joueur, et il sait mettre les paniers importants dans les moments chauds. "

Sa performance de ce soir : " C’est mon rôle de faire preuve d’une grosse présence en défense, et de convertir les shoots à trois points parce que j’ai un peu plus d’espace. La réussite était là ce soir, et ça fait toujours plaisir. C’est dommage que ça ne permette pas d’aller au bout en décrochant ce Final Four. Mais il y a beaucoup de fierté dans nos rangs avec ce parcours réalisé, car peu d’équipes françaises ont fait un tel parcours en Euroleague. Recevoir des messages de la planète basket à la fin du match, ça fait forcément plaisir. "

LA FICHE TECHNIQUE

A Athènes, stade de la Paix et de l’Amitié, l’Olympiakos bat l’AS Monaco 94-88 (11-13, 30-35, 25-22, 28-18).

Olympiakos : 31 tirs sur 52 (11/23 à 3-pts), 21 LF sur 25, 26 rebonds (Vezenkov 7), 18 passes décisives (Sloukas 5), 2 interceptions, 8 balles perdues.

La marque : Mckissic 18, Walkup 17, Dorsey 16, Sloukas 15, Martin 9, Vezenkov 9, Papanikolaou 6, Fall 4, Printezis, Lountzis, Larentzakis.

Monaco : 30 tirs sur 65 (13/31 à 3-pts), 15 LF sur 16, 31 rebonds (Thomas 8), 16 passes décisives (James 10), 5 interceptions, 8 balles perdues.

La marque : James 24, Ouattara 15, Lee 14, Bacon 12, Motiejunas 7, Thomas 6, Andjusic 5, Hall 5, Westermann, Fall Faye, Motum.