Monaco : et maintenant ?

Monaco : et maintenant ?


Le club du Rocher, l’une des grandes attractions de la saison, doit s’atteler à reconstruire

Un doublé en Leaders Cup, une première place en saison régulière, une médaille de bronze en Champions League... Même si la saison de l’ASM s’est arrêtée plus tôt que prévu en play-off (défaite en 1/4 contre Villeurbanne), elle restera dans les mémoires. Monaco pourra-t-il faire aussi bien, voire mieux la saison prochaine ? Le point avec l’Ukrainien Oleksiy Yefimov, le directeur exécutif du club du Rocher, hyperactif et lucide...

Après une aussi belle saison, pourquoi cette vague de départs ?

C’est le revers de la médaille. Nos joueurs de la saison passée sont aujourd’hui demandés et pour certains il est difficile voire presque impossible financièrement de les faire prolonger. Dee Bost a des propositions à plus de 500.000 dollars en Russie. Caner-Medley vient de signer 2 ans en Espagne. Davies a des touches à plus de 300.000... Ce sont des salaires que pas un club en France ne peut se permettre. Yakuba Ouattara, qui est arrivé chez nous il y a deux ans de ProB, va partir sous 15 jours effectuer des essais dans les franchises NBA. Il est présélectionné en équipe de France. L’ASVEL lui a déjà fait une proposition s’il n’est pas retenu en NBA. Mais cela rappelle à quel point la saison de la Roca Team a été exceptionnelle. Et nous avons l’ambition de garder des joueurs importants.

Ces départs ne sont-ils pas inquiétants sportivement ?

Il y avait déjà des tweets et des messages un peu pessimistes il y a deux ans lorsque nous avions laissé partir Taylor... Et il y a un an lorsque Uter et Cooper sont partis. À l’arrivée, les nouveaux venus ont fait oublier les départs. Tous les joueurs de l’effectif de la saison passée, sauf Bost et Caner-Medley, étaient déjà passés par la ProA. Nous avons pu les faire signer car ils n’étaient pas la priorité des autres clubs, à tort ! Désormais, le basket européen sait que Monaco n’est pas seulement un endroit où il fait bon vivre. C’est aussi un lieu où les joueurs prennent de la valeur. C’est pourquoi nous serons encore en mesure de construire un bon effectif, je pense (l’ASM vise en priorité un meneur, un 2e arrière et un pivot). Il ne faut pas se précipiter. Nous attachons de l’importance à la personnalité du joueur. Nous pouvons aussi nous féliciter d’avoir fait signer notre coach jusqu’en 2018. Zvezdan Mitrovic est le grand artisan de la cohésion gagnante. La Roca Team se base avant tout sur le collectif. Pas un de nos joueurs ne s’est situé dans le top 10 des principales stats.

Quid du budget de l’ASM pour la saison prochaine ?

Le budget ne devrait pas pouvoir être supérieur ni même égal à celui de l’an dernier (6,3 millions en 2016-17, 5e de ProA). L’essentiel n’est pas de savoir si le budget sera un peu plus ou moins élevé. L’important est de bien dépenser. Depuis que nous sommes en ProA, nous luttons contre des plus gros budgets. Sur le plan européen, la différence est encore plus grande. Lorsque nous avons affronté l’AEK Athènes, nos joueurs ont fait le déplacement en classe éco, avec escale à Francfort. Pour le retour, l’AEK, lui, avait affrété deux avions privés : l’un pour les joueurs, l’autre pour les supporters ! Une autre anecdote révélatrice : dans les contrats que nous avions fait signer aux joueurs la saison passée, pas un seul agent n’a pensé à inclure une clause de bonus en cas de qualification au Final Four de la Champions League... Pour la bonne raison que personne ne pensait que Monaco en serait capable pour sa 2e saison en ProA seulement.

Avec le recul, comment analysez-vous la défaite contre l’ASVEL en 1/4 ?

Il faut reconnaître que Villeurbanne a très bien joué. Physiquement, ils ont été au-dessus. On a mal shooté. Cependant, je pose simplement la question : est-il déjà arrivé que sur une série aussi serrée (212 à 211 pour l’ASVEL sur les 3 matches), le différentiel de lancers-francs accordés soit aussi énorme (94-43 pour l’ASVEL) ? Je ne le pense pas. Un autre facteur, les blessures de Jordan Aboudou et Amara Sy sont arrivées au plus mauvais moment. Notamment la fracture à la main de l’Amiral, au début du match 3; le rôle d’Amara Sy était capital. Sergii Gladyr a disputé le quart de finale diminué (genou). Brandon Davies a disputé le match 3 avec une fracture à un doigt.

Monaco va-t-il continuer en BCL ou, comme l’ASVEL, se tourner vers l’Eurocup ?

Nous continuons avec la Champions League FIBA. Nous estimons que la nouvelle formule resserrée (4 poules de 8 avant les 1/8es de finale) sera très bonne pour l’intérêt. Les clubs italiens (Avellino, Sassari, Venise) ont déjà confirmé leur participation, les clubs grecs (AEK, Aris, Paok) et espagnols aussi, à l’image du vainqueur, Tenerife. La perspective d’affronter de telles équipes est la garantie de superbes soirées à Gaston-Médecin.

Votre plus grand souvenir de cette saison ?

Encore plus fort que la Leaders Cup, le match retour des 1/8es de finale de la BCL contre l’AEK Athènes. Pour l’ambiance à Gaston-Médecin. Ce soir-là, nos fans se sont hissés au niveau du football, si ce n’est plus !