Yakuba Ouattara : « Quand Sasa Obradovic parle, tu bois ses paroles »

Yakuba Ouattara : « Quand Sasa Obradovic parle, tu bois ses paroles »

Sur une série de cinq victoires, la Roca Team est de retour aux affaires ! Yakuba Ouattara (1,92 m, 27 ans) revient sur la saison à deux vitesses des Monégasques.

Équipe numéro un de la Jeep® ÉLITE lors des trois derniers opus, finaliste malheureuse en 2018, la Roca Team a raté sa première partie de saison. La non-qualification à la Leaders Cup et une fin de parcours européen bâclée ont coûté sa place à Saso Filipovski, remplacé par Sasa Obradovic lors de la dernière trêve – mais pas encore qualifié, car toujours en attente d’une équivalence de diplôme pour avoir le droit de coacher.

Dans ce contexte agité, Yakuba Ouattara (1,92 m, 27 ans), pas épargné par les blessures, a alterné entre l’excellent et le moins bon. Cependant, suur les quatre dernières journées, on a retrouvé un Ouattara percutant et très efficace (16,5 points à 54%, 6,3 rebonds, 18,3 d’éval). La preuve s'il en est qu'en pleine possession de ses moyens, le numéro 24 a peu d’équivalents en championnat de France. Vincent Collet ne s’y est pas trompé en l’appelant en équipe de France lors des deux dernières fenêtres. Une expérience « extraordinaire » et une « immense fierté » dit l’intéressé, qui a pris plaisir à jouer et à vivre dans ce groupe France.

Paul Lacombe ne sera peut-être pas le seul Monégasque appelé cet été : « Je me tiens prêt, et si le sélectionneur a besoin de moi, je répondrai présent. Un championnat du monde, ça fait rêver. » En attendant, Yakuba estime que son équipe de Monaco, dans sa nouvelle configuration, avec Sasa Obradovic à la barre, Dee Bost en meneur-patron et le retour prochain d'Amara Sy, est outillée pour aller au bout en juin prochain.

Yakuba, tu as vécu une première partie de saison en pointillé à cause des blessures. Où en es-tu aujourd’hui physiquement ?
J’ai eu des soucis au niveau musculaire. C’était par rapport à la charge de travail et par rapport à mon utilisation. Mes muscles avaient tendance à fatiguer assez rapidement ce qui créait des petites élongations. C’était au niveau des ischios et une grosse béquille au mollet m’a arrêté un petit moment. Il n’y avait rien de bien grave. C’est juste qu’il fallait arrêter une ou deux semaines. Cela cassait un peu le rythme à chaque fois. Aujourd’hui cela va très bien. Je n’ai plus aucun souci.

Tu as réalisé une série d’excellents matches lors de la première phase de l’EuroCup. As-tu senti à ce moment de la saison, entre novembre et décembre, que tu avais franchi un cap ?
Oui, c’est sûr. J’étais bien, l’équipe arrivait bien à me trouver et on gagnait les matches. Je ne pouvais rien demander de mieux.

Puis tu t’es blessé contre Galatasaray le 12 décembre…
J’avais déjà une fatigue musculaire avant Galatasaray et pendant ce match, j’ai pris une grosse béquille. Le choc a été tellement fort que ça a expulsé du sang de mes muscles. Il a fallu du temps pour que l’hématome se résorbe.

Derrière, tes stats ont chuté au Top 16. Tu as eu du mal à retrouver tes sensations ?
Oui, il m’a fallu un peu de temps pour revenir dans le rythme, et cela a coïncidé aussi avec les retours de Paul (Lacombe), de Gerald Robinson. Mon temps de jeu a baissé. Le coach ne m’utilisait plus forcément de la même façon. Pendant toute la période où j’avais de grosses stats en EuroCup, il ne faut pas oublier qu’il y avait pas mal de blessés, donc j’avais beaucoup plus de responsabilités qu’en temps normal. Cela explique aussi mon rendement.

L’ASM ait montré deux visages, l’un conquérant en EuroCup et l’autre beaucoup plus laborieux en Jeep® ÉLITE où vous avez raté la qualification à la Leaders Cup. Comment l’analyses-tu ?
On a été pas mal embêté par les blessures. Le fait de jouer sur les deux tableaux avec un effectif réduit nous a fait perdre beaucoup d’énergie. Quand on revenait au championnat de France qui, à mon sens, est plus physique que l’EuroCup, c’était plus compliqué. On avait du mal à répondre dans le défi physique.

Comment expliquer également les difficultés qu’a eu Saso Filipovski, pourtant un coach réputé en Europe, à la tête de l’équipe ?
Pour lui, cela a été dur parce que dès le début de saison, D.J. Cooper nous a quittés. Il était quand même une des pièces maîtresses de l’équipe. Cela a changé beaucoup l’équipe, parce qu’il était censé faire tourner le jeu. Derrière, plusieurs joueurs sont partis en équipe nationale pendant la préparation. On était vraiment en effectif réduit. Et ils sont revenus à une semaine du début du championnat donc on n’a quasiment pas eu le temps de jouer tous ensemble. Il a fallu trouver une alchimie. Forcément, il y a eu des erreurs. Derrière, il y a eu les blessures. Toutes les semaines ou presque on avait une nouvelle équipe parce qu’il fallait intégrer les blessés. On a su gérer au niveau européen, par contre cela a été plus compliqué au niveau de la Jeep® ÉLITE. Malgré cela, on n’était pas loin parce qu’on a perdu beaucoup de match de peu. Cela s’est joué à pas grand-chose.

Sasa Obradovic a remplacé Saso Filipovski pendant la dernière trêve. Comment as-tu perçu ton nouveau coach à son arrivée ?
J’aime beaucoup sa philosophie. Avoir un coach comme lui, c’est énorme parce qu’il a une expérience incroyable, que ce soit en tant que joueur ou en tant que coach. Quand il parle, tu bois un peu ses paroles. Il sait de quoi il parle. Il sait comment gérer un groupe. On a vu tout de suite une grande différence, que ce soit dans l’intensité des entraînements ou du jeu tout simplement. On est bien plus agressifs. Il a apporté un tout autre état d’esprit à l’équipe. Il a apporté de la discipline. C’est le gros point qui change.

Obradovic n’a pas encore obtenu sa qualification et de ce fait, n’a pas eu le droit de s’asseoir sur le banc lors de vos deux derniers matches. Pour autant, est-ce que vous sentez sa présence ?
C’est une situation particulière à vivre. Vu son palmarès, tout ce qu’il a gagné, c’est compliqué de ne pas être sur le banc parce qu’il lui faut une équivalence du diplôme. Mais malgré cela, on arrive à s’en sortir, déjà parce qu’on fait un travail énorme pendant la semaine. On bosse très sérieusement, et tout le monde, staff ou joueurs, fait les efforts supplémentaires parce qu’on sait quoi faire et comment le faire. On arrive à pallier son absence.

Après votre victoire face à Cholet, tu as insisté sur le match « énorme » de Dee Bost. A-t-il changé le visage de l’équipe ?
Forcément. Il apporte une autre dimension à l’équipe, que ce soit par rapport à son agressivité défensive ou sa vision du jeu. Il apporte aussi une vraie menace au scoring. Forcément, il change tout de suite l’équipe.

Vous avez retrouvé l’identité qui faisait votre force ces dernières saisons avec Zvezdan Mitrovic ?
Oui, en termes d’agressivité. Avant, on était plus dans la gestion, notamment à cause des blessés, parce qu’on savait que les temps de jeu allaient être conséquents pour certains joueurs. On avait du mal à être à fond, parce qu’on savait qu’on avait deux matches à 30 minutes par semaine. Dans ces cas-là, c’est dur d’arriver sur le terrain et de tout donner. Défensivement, il y a forcément un peu de gestion. Alors que là, l’effectif est au complet. Les temps de jeu sont limités. On est vraiment dans l’effort. Et si on ne l’est pas, on sait ce qui va se passer derrière (rires).

Avez-vous tous les ingrédients pour être aussi dominants que lors des précédentes saisons ?
On a le potentiel pour l’être. Maintenant, on doit encore beaucoup travailler. Je suis persuadé qu’on a encore toutes nos chances pour gagner le championnat, parce qu’on va monter en régime petit à petit. L’important est d’être prêt au bon moment.

Ce qui vous manque peut-être, c’est la présence d’un vrai poste 4. Ce poste 4, vous l’avez mais il est en civil, je veux bien sûr parler d'Amara Sy…
Amara a une grosse place dans l’équipe. Son absence nous pèse, que ce soit au niveau de la voix ou dans le jeu. Mais il est sur le chemin du retour. Il voit le bout du tunnel. On espère le récupérer au plus vite. Et quand on l’aura récupéré, l’équipe prendra encore une autre dimension. Il va encore faire du renforcement. Le coach ne veut pas de joueur à 50 ou à 60%. Il veut que tout le monde soit à 100%. Si Amara n’est pas encore avec nous, c’est qu’il n’est pas encore à 100%.

Ce week-end, vous allez affronter l’ASVEL en quart de finale de la Coupe de France à Trélazé. Après avoir raté la Leaders Cup, la Coupe de France est un objectif important pour tes dirigeants ?
On n’en a pas discuté avec eux mais je pense que oui. C’est un titre donc c’est important.

Interview réalisée par la LNB